Une étude menée chez des souris infectées par Salmonella typhimurium montre que l’administration d’antibiotiques à des doses infra-thérapeutiques, telles que celles utilisées en prévention des maladies, n’a aucun effet sur les souris dites « super-propagatrices ».
Des souris qui favoriseraient la propagation de la bactérie au sein d’une population. Les résultats de l’étude dirigée par Denise Monack, professeur de microbiologie à l’Université Standford ont été publiés dans les « PNAS ».
Le phénomène de « super-propagateur » s’accentue
Des études précédentes ont montré qu’une minorité d’individus appelés « super-propagateurs » disséminent de manière plus importante un agent pathogène, mais aucune étude n’avait prouvé la tolérance des antibiotiques chez ces derniers. Pour obtenir ces résultats, les chercheurs ont infecté volontairement un groupe de souris avec Salmonella typhimurium et ont ensuite analysé les taux de la bactérie dans leurs excréments.
Sans surprise, les « super-propagateurs », un groupe représentant 30 % des rongeurs infectés, possède un taux de salmonelle plus élevé que chez les autres souris. Ces « super-propagateurs » sont, de plus, asymptomatiques. Après avoir administré des antibiotiques oraux (streptomycine et néomycine) à ce même groupe de souris, les chercheurs ont constaté que les symptômes s’étaient accentués chez les souris « normales ».
« Ces souris ont perdu du poids, avaient un pelage ébouriffé et étaient recroquevillés dans un coin de leur cage. Plusieurs d’entre elles sont mortes », explique Denise Monack. Certaines d’entre-elles avaient néanmoins acquis des signes de « super-propagatrices », notamment une élévation importante du taux de bactéries dans leurs selles et dans leurs intestins. Du côté des « super-propagatrices » naturelles, ces souris ne montraient aucune réactions aux antibiotiques. Elles sont asymptomatiques et ont conservé un taux important de Salmonella typhimurium dans leurs excréments.
Une réponse immunitaire déstabilisée
Les concentrations de la bactérie dans les intestins des deux types de souris étaient proches. Les chercheurs l’expliquent par le fait que les souris « super-propagatrices » ne sont pas résistantes mais tolérantes à l’infection. « Leurs cellules immunitaires ont été comme reprogrammées et ne répondent plus aux signaux inflammatoires dans leurs intestins de la même manière », explique Denise Monack.
La transformation des souris « normales » en souris « super-propagatrice » à la suite de l’administration de l’antibiotique serait liée à une augmentation des cellules myéloïdes inflammatoires situées dans la rate et à une augmentation de la production de cytokines pro-inflammatoires. Cette perturbation réduit considérablement la capacité des souris à lutter contre l’agent pathogène.
« Si on peut déterminer le mécanisme responsable de cette réponse atténuée du système immunitaire chez les super-propagateurs, on pourrait potentiellement supprimer les symptômes des personnes atteintes d’inflammation chronique des intestins comme le syndrome de Crohn », a précisé le Pr Monack. Le phénomène montré chez la souris n’a pas encore été démontré chez l’homme a expliqué l’auteure de l’étude. « Nous avons besoin d’examiner si les antibiotiques sont toujours bénéfiques quand ils sont donnés aux animaux ou lorsque nous en prenons nous-mêmes », a-t-elle ajouté.
L’infection de la bactérie S. Typhimurium chez l’homme entraîne chaque année environ un million d’intoxications alimentaires, 19 000 hospitalisations et 400 décès par an aux États-Unis.
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