Zoonose en Louisiane

Les tatous sont des réservoirs de lèpre

Publié le 29/04/2011
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Crédit photo : PHANIE

SI VOUS AVEZ l’intention de passer vos prochaines vacances en Louisiane, gare aux tatous sauvages. D’après des chercheurs de Baton Rouge, ces petits animaux recouverts d’écaille, à peine plus haut qu’un cochon de lait, forment un large réservoir naturel pour Mycobacterium lepræ dans cet état du sud-est américain.

Alors que c’est la seule espèce susceptible à l’infection et donc le seul modèle animal pour la maladie, l’équipe du Dr Skip Bertman a montré que des tatous sauvages et certains Américains n’ayant jamais séjourné à l’étranger étaient infectés par la même souche de M. lepræ. Alors que la prévalence touche 20 % des tatous dans certaines localités des États-Unis du Sud, la lèpre peut être considérée comme une zoonose dans la région.

50 patients américains.

Dans cette étude écologique de cohorte, les chercheurs poursuivaient plusieurs objectifs : déterminer le type et la fréquence des souches de M. lepræ chez des patients américains, évaluer le degré de similitude génétique avec celles retrouvées chez des tatous sauvages et comparer les localisations géographiques des patients et des animaux. Ont été analysées ainsi les souches issues de 50 patients américains et de 33 tatous capturés dans 5 états américains du sud.

Chez les patients ayant vécu hors des frontières des États-Unis, le génotype retrouvé reflétait leur pays d’origine ou l’itinéraire d’un voyage effectué à l’étranger. Un génotype unique était retrouvé chez 28 des 33 tatous et 25 des 39 patients américains résidant dans une région où un portage de M.lepræ par les tatous était possible. Ce génotype n’a jamais été décrit ailleurs dans le monde.

Les tatous sont le seul réservoir non humain pour la lèpre. La mise en évidence de la zoonose permet d’identifier plus facilement une source de contamination possible chez certains patients. Le diagnostic de cette maladie chronique pourrait être évoqué plus tôt et le traitement débuté plus précocement, ce qui reste le moyen le plus efficace d’éviter les séquelles de lèpre.

N Engl J Med 2011; 364:1626-33.

Dr IRÈNE DROGOU

Source : Le Quotidien du Médecin: 8952