L'immunologue et spécialiste du VIH, la Pr Brigitte Autran, va présider le Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires, successeur du Conseil scientifique. L'information est parue sous la forme d'un arrêté dans le Journal officiel du 17 août.
Ce comité, créé cet été, succède, avec une visée plus large, au Conseil scientifique créé en 2020 pour orienter l'action du gouvernement français face à la pandémie de Covid-19. Ce Conseil, qui était présidé par le professeur Jean-François Delfraissy, a cessé d'exister avec la levée de l'état d'urgence sanitaire fin juillet.
Spécialiste du sida, la Pr Autran a notamment développé des recherches clés sur l’immunologie de l’infection par le VIH des virus et des vaccins associés. En 1981, elle est la première interne à être confrontée à un patient atteint du sida, alors qu'elle est affectée à l'hôpital Bichat-Claude Bernard. Elle fait partie de l’équipe de chercheurs espagnols et français qui a annoncé, en janvier 2013, un vaccin thérapeutique ralentissant temporairement la progression du Sida.
Âgée de 68 ans, Brigitte Autran a dirigé le département d’immunologie ainsi que le pôle de biologie médicale et pathologie de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP) et mené des travaux au centre de recherches en immunologie et maladies infectieuses (Sorbonne-université).
Réchauffement climatique et zoonoses
À la tête de ce nouveau comité, la Pr Autran aura pour mission de maintenir une veille sur l'ensemble des risques sanitaires, avec une attention particulière aux conséquences du réchauffement climatique ainsi qu'aux interactions entre animaux et humains.
Cette vision globale, « one health », est de plus en plus défendue par nombre de spécialistes de santé publique. « Des maladies peuvent être transmises de l'animal à l'homme, ou l'inverse, ou même revenir en boomerang de l'un à l'autre », a détaillé la Pr Autran dans une interview donnée au « Parisien » à l'occasion de sa nomination.
« On le sait depuis longtemps mais sans en prendre totalement la mesure », et « aujourd'hui, les politiques publiques doivent prendre en compte ce fait », a-t-elle souligné. Invité lors d'un Live chat du « Quotidien » consacré aux zoonoses, le Dr Gilles D'Ortenzio, responsable du département stratégie et partenariats de l’ANRS-MIE (Inserm), attirait lui aussi l'attention sur la nécessité de renforcer les outils de veille sur l'émergence de ces risques sanitaires.
Spécialiste du sida
La Pr Autran compte composer d'ici à la rentrée l'équipe de ce comité, qui doit comporter une quinzaine de scientifiques. Elle s'est, à cette occasion, exprimée sur différents sujets d'actualité sanitaire, à commencer par la pandémie Covid, dont elle prévient qu'elle n'est pas achevée et risque de connaître un nouveau pic à la rentrée après le creux actuel.
Mais elle a aussi différencié la lutte contre le Covid, dans laquelle il apparaît illusoire d'éliminer totalement la circulation du virus, de celle contre la variole du singe. « Une stratégie "zéro Monkeypox" est possible, contrairement à celle du "zéro Covid" », a-t-elle assuré, appelant à accélérer les campagnes de vaccination. « De par sa nature, ses voies de transmission, c'est un virus qu'on peut maîtriser. »
Il y a quelques jours, des associations de lutte contre les discriminations LGBT+ appelaient le gouvernement à intensifier la campagne de vaccination contre la variole du singe pour éviter que cette épidémie soit « hors de contrôle ».
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