L’infection par le virus de l’herpès peut multiplier par 3 le risque d’angor dans la descendance

Publié le 16/06/2015

Crédit photo : PHANIE

Lors d’une infection par le virus de l’herpès de génotype 6 (HHV-6), un des mécanismes de latence du virus consiste à intégrer des fragments d’ADN viral au génome des cellules hôtes. Depuis 1998, on sait que cette intégration peut toucher les télomères des cellules germinales, ce qui rend la modification génétique héréditaire. Une revue récente de la littérature avait montré que la transmission de cet ADN intégré constituait un facteur de risque de diverses pathologies.

Dans un article publié dans les « PNAS », le Dr Annie Gravel, du CHU de Québec-Université Laval, et ses collègues, montrent pour la première fois un lien clair entre la transmission de l’ADN viral intégré et le risque d’angor parmi les descendants.

L’explication passe par les télomères

Les chercheurs ont analysé l’ADN de près de 20 000 patients, âgés de 40 à 69 ans, et ont mesuré la taille de leurs télomères. Une faible proportion (0,58 %) des patients de l’étude était porteuse de l’ADN viral. Les auteurs ont cherché à savoir si la présence de l’ADN du HHV-6 était liée à une augmentation du risque de 50 maladies différentes.

Seul le risque d’Angor était statistiquement augmenté, avec une prévalence multipliée par 3,3 chez les patients ayant hérité du génome du HHV-6. Après ajustement pour l’âge, le sexe, l’indice de masse grasse et la pression systolique, le risque d’Angor restait trois fois plus élevé.

Des millions de personnes concernées dans le monde

Des études avaient montré une corrélation inverse entre la longueur des télomères et le risque cardiovasculaire. Les patients ayant intégré le génome du HHV-6 avaient une longueur télomérique significativement diminuée par rapport aux autres patients de l’étude. « Nous pouvons spéculer que la survenue d’un angor est favorisée par la réduction de la taille des télomères, causée par l’insertion du génome du HHV-6 », indiquent les chercheurs.

L’intégration de l’ADN viral dans le génome des cellules germinales du patient est un événement rare, mais le HHV-6 est tellement répandu qu’il y aurait « entre 40 et 70 millions d’individus dans le monde qui ont intégré l’ADN du HHV-6 dans leur génome », soulignent les auteurs de l’étude.

Damien Coulomb

Source : lequotidiendumedecin.fr