Bien que l’on observe en France une diminution de la prévalence des S. aureus résistants à la méticilline (SAMR) et malgré le développement récent de nouveaux antibiotiques actifs sur les GRAM positifs (daptomycine, linezolide, lire pages 2 et 3), la vancomycine reste largement prescrite comme traitement de référence des infections à SAMR.
Une des limites à son utilisation est sa néphrotoxicité, dont l’incidence varie, en fonction des comorbidités, des facteurs confondants et des définitions utilisées dans les études, de 5 à 35 %. La vancomycine est souvent prescrite avec l’association pipéracilline – tazobactam (PT), lors du traitement probabiliste des sepsis modérés à sévères notamment lors d’infections associées aux soins. L’incidence de l’insuffisance rénale associée à l’utilisation de PT seule est faible (‹ 1%).
2 à 5 fois plus d’IRA
Plusieurs études rétrospectives récentes ont évalué l’incidence de l’insuffisance rénale aiguë (IRA) chez les patients recevant de la vancomycine, comparés à ceux chez qui elle était associée à PT (1,2). Dans ces études, la prescription de vancomycine plus PT multipliait de 2 à 5 le risque d’IRA, comparée aux patients ne recevant que de la vancomycine. Cette potentialisation de la néphrotoxicité de la vancomycine n’était pas retrouvée dans une autre étude lors de l’association avec le céfépime (3).
Mode d’administration
Un travail présenté à l’ICAAC s’est intéressé à la néphrotoxicité de l’association vancomycine – PT selon le mode d’administration de la TP (4). Environ 200 patients par groupe ont été comparés. L’incidence de l’IRA dans le groupe recevant la TP injectée en 30 minutes était de 35,2 %, alors qu’elle était de 20,2 % dans le groupe recevant la TP sur 4 heures. En analyse multivariée, le fait de recevoir la PT en perfusion lente sur 4h était protecteur d’apparition d’IRA : OR = 0,43 [0,25 – 0,75].
L’avantage de ce mode d’administration de la TP, en termes de toxicité, s’ajoute aux avantages concernant le PK/PD et l’efficacité, notamment sur des souches ayant des CMI élevées.
(1) Burgess LD et al. Pharmacother J Hum Pharmacol Drug Ther 2014; 34: 670–6
(2) Meaney CJ et al. Pharmacother J Hum Pharmacol Drug Ther 2014; 34: 653–61
(3) Gomes DM et al. Pharmacother J Hum Pharmacol Drug Ther 2014; 34: 662–9
(4) ICAAC 2015. Abs A-978
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