Nouveau virus grippal : la Spilf émet des recommandations pour la prise en charge d’un patient suspect

Publié le 13/02/2014
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Crédit photo : PHANIE

La Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF) présente de nouvelles recommandations pour repérer et prendre en charge les infections à virus grippaux émergents HxNy, qu’elle rend disponibles sur son site Internet. Ce document de 18 pages ne s’attache pas à une souche d’influenza particulière (d’où l’intitulé HxNy), mais constitue une sorte de guide destiné au « premier clinicien face au premier patient », selon l’expression du Pr Christian Rabeaud, infectiologue au CHU de Nancy et président de la SPILF. « Quand est apparu H7N9, vers la fin du printemps 2013, nous avions établi ce guide un peu plus pratique que les recommandations du Haut Conseil de la santé public, » confie-t-il au « Quotidien ».

Sortiront ? Sortiront pas ?

Au même moment, l’actualité a été brusquement et largement occupée par les deux cas français d’infections par le Mers-CoV. Le groupe SPLIF - COREB monté par la SPLIF avec des représentants de la Société française de médecine hospitalière, la Société française de médecine d’urgence et la Société française de réanimation et la Société française d’anesthésie et de réanimation a donc décidé de surseoir à la publication pour éviter la confusion. Entre la fin 2013 et le début 2014, le nombre de cas de grippes aviaires dû aux nouveaux variants repart à la hausse en Chine, et la publication des recommandations redevient d’actualité.

Exposition et critères cliniques

Les procédures présentées concernent la conduite à tenir face à un cas suspect et sont destinées aux médecins urgentistes, aux médecins hospitaliers et aux médecins de ville. En ce qui concerne le dépistage des cas suspects, le texte insiste sur la prise en compte des manifestations cliniques et de l’existence d’une exposition compatible. « On voit bien dans notre pratique, qu’à force de se focaliser sur le parcours géographique du malade, on oublie parfois qu’il peut s’agir d’une pathologie courante. » Le patient suspect est donc celui qui va combiner des critères cliniques comme une toux, une expectoration et/ou une dyspnée, ou encore des signes de pneumopathie aiguë, avec des critères épidémiologiques d’exposition, c’est-à-dire un retour depuis moins de dix jours d’une zone à risque.

N’envoyez pas les cas suspects aux urgences !

« Pour la médecine de ville, le message est un peu court mais non moins important. Si vous suspectez un cas, ne l’envoyez dans la file active des urgences ! », prévient Christian Rabeaud. Le point 2.1 des recommandations insiste en effet sur la prise de contact immédiate avec le Centre 15 si l’état clinique le justifie, suivie d’une hospitalisation directe en SMIT ou autre service compétent pour l’accueil « patient grippal émergent », ou a défaut d’une hospitalisation à domicile. La suite des recommandations traite des procédures à suivre pour la confirmation virologique et les traitements antiviraux spécifiques à employer.

Une prise en charge rapide est primordiale

« C’est surtout les cas graves qui nous préoccupent et qui doivent être traités le plus vite possible », confie Christian Rabeaud, « car on sait que l’oseltamivir doit être administré rapidement pour avoir une efficacité ». Les cas de grippe au retour d’un pays asiatiques touché par ces virus émergents sont aussi préoccupants, même si les symptômes sont peu importants, « pour le patient, ce n’est peut-être pas grave mais en termes de santé publique, il est important qu’il ne contamine personne qui serait en situation de faiblesse », poursuit Christian Rabeaud. Si l’on est désormais à peu près certain de l’absence de transmission interhumaine avec le H5N1, l’absence de transmission des deux souches H7N9 et H10N8 n’est pour le moment pas prouvée.

Damien Coulomb

Source : lequotidiendumedecin.fr