LE QUOTIDIEN : Quel est le principe du vaccin GRAd-CoV2 ?
Pr FRANCESCO VAIA :La technique de ce candidat vaccin ressemble à celle de la prophylaxie commercialisée par la multinationale anglo-suédoise AstraZeneca. Le développement du GRAd-CoV2 est fondé sur un vecteur adénoviral simien isolé dans le gorille et qui cible la protéine Spike.
Ce vaccin injecté par voie intramusculaire est bien toléré : nous n’avons pas remarqué d’effets secondaires durant la première phase qui vient d’être terminée et pour laquelle nous avons recruté une centaine de volontaires en Italie.
Notre vaccin a également été testé chez des sujets âgés de plus de 65 ans. Selon les résultats qui ont déjà été communiqués aux organes officiels tels que l’Agence du médicament européenne (EMA) et celle italienne (AIFA), il permet d'entraîner chez le patient un développement significatif d'anticorps.
Depuis quand les chercheurs italiens travaillent-ils sur ce candidat vaccin ?
Nos travaux ont commencé en mars dernier au tout début de l’épidémie. Nous allons lancer la phase 2 dans quelques jours avec un nombre de volontaires supérieur à la phase 1. Quant à la phase 3, elle devrait démarrer courant avril-mai. Les essais cliniques seront également menés dans différents pays, comme cela a été le cas pour les autres vaccins. Tout dépendra des endroits où la circulation du virus sera encore importante. Nous avons pensé par exemple à l’Amérique du Sud. Les essais cliniques devraient être terminés d’ici la fin de l’été prochain, ce qui permettrait de lancer la production à l’automne 2021 après avoir obtenu le feu vert des autorités compétentes.
Qui est votre partenaire industriel ?
Nous sommes en partenariat avec la biotech ReiThera contrôlée par la firme suisse Keires AG. Après, lorsque tout sera terminé, la situation sera réévaluée. L’État italien vient d’investir 81 millions d’euros dans cette opération et entrera aussi dans le capital de la biotech. Nous souhaitons réussir à produire jusqu’à 100 millions de doses à plein régime. Cela permettrait à l’Italie d’être rapidement autosuffisante.
Quel est son taux d’efficacité prévisible et quelles sont les conditions de conservation ?
Selon les résultats, l’efficacité est identique à celle des vaccins ARNm, c’est-à-dire à plus de 95 %. Au niveau des coûts, il est encore trop tôt pour dresser une évaluation. En revanche, nous savons déjà qu’il devra être stocké à une température normale par les dépositaires pharmaceutiques, soit entre 2° et 8°. Notre vaccin ne doit pas être meilleur ou moins bien que les autres déjà commercialisés. L’objectif n’est pas de gagner la guerre des laboratoires. Nous avons tous un problème en commun et il faut le résoudre en produisant des vaccins.
Vous préconisez la vaccination de masse, mais l’Europe a un problème avec la réduction des livraisons de doses. Comment sortir de l’impasse ?
Nous allons avoir un problème identique que le vaccin produit par le laboratoire AstraZeneca. Les multinationales pharmaceutiques ne se sont peut-être pas rendu compte dès le départ des enjeux posés par la vaccination en termes de livraisons et de profits. Ne perdons pas de temps, il est inutile de chercher des coupables, il faut agir et rapidement sur les livraisons.
La seule solution pour éviter d’être à nouveau piégé par le manque de doses est de dépasser la logique du brevet et de la propriété intellectuelle qui doivent devenir patrimoine de l’humanité. Ce n’est pas une décision contre les multinationales. Il faut passer des accords et organiser des synergies : c’est une question d’éthique. Cette solution permettrait à chaque pays de devenir indépendant car d’autres firmes n’ayant pas le brevet pourraient commencer à produire des doses.
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