Le risque de d’épidémie de rougeole ou d’oreillons persiste en raison d’une proportion encore élevée de sujets réceptifs, conclut une étude du « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » publiée mardi.
Plus de dix ans après la première enquête de 1998 qui avait révélé que l’immunité insuffisante chez les enfants et les adolescents ne permettait pas d’interruption de la circulation des virus de la rougeole, des oreillons et de la rubéole, Agnes Lepoutre et coll. ont évalué le profil de réceptivité de la population française vis-à-vis de ces 3 maladies. Résultat : « La proportion de sujets réceptifs vis-à-vis de la rougeole, des oreillons et de la rubéole parmi les moins de 30 ans reste élevée en France (supérieure à 7 %). » D’où le risque de survenue d’épidémies.
Pour cette deuxième étude, deux enquêtes ont été réalisées. La première (Saturn-Inf) auprès d’enfants âgés de 1 à 6 ans hospitalisés dans 76 hôpitaux en 2008-2009, la seconde (Séro-inf) auprès d’une population âgée de 6 à 49 ans inclus dans 124 laboratoires en 2009-2010. Les résultats portent sur un échantillon de 1 617 enfants pour l’une et de 5 300 patients pour l’autre.
Circulation du virus
Pour la rougeole, les oreillons et la rubéole, l’étude montre « une moindre immunité des générations nées entre 1980 et 1990 comparées à celle des générations nées avant 1980 », précisent les auteurs. Près de 9 % des jeunes adultes (20 à 29 ans) n’étaient pas immunisés vis-à-vis de la rougeole dans l’enquête de 2009-2010 alors que la proportion n’était que 1,5 % en 1998. Selon les auteurs, cela s’explique par le fait que les sujets nés avant 1980, donc à l’ère pré-vaccinale, ont été soumis dès l’enfance à une intense circulation des virus contrairement à ceux nés après l’introduction du vaccin qui ont été soumis à une moindre exposition aux virus tout en étant insuffisamment vaccinés (couverture vaccinale des enfants était inférieure à 80 % en 1994).
Les sujets réceptifs donc séronégatifs chez les enfants de 1 à 6 ans étaient de 10 % pour la rougeole, de 15 % pour les oreillons et de 11 % pour la rubéole. Chez les 6-29 ans, les proportions étaient respectivement de 8 %, 14 % et 8 % et au-delà de 30 ans de 1 %, 6 % et 5 %.
La proportion de sujets réceptifs chez les moins de 30 ans est supérieure aux 5 % fixés par l’Organisation mondiale de la santé comme une des conditions pour l’élimination de la rougeole explique sans doute la survenue de l’épidémie de rougeole en France qui a connu son pic en 2011. Les autorités ont d’ailleurs recommandé en mars 2011, un rattrapage vaccinal de la 2e dose de vaccin trivalent dans les générations nées après 1980.
Selon un point de l’Institut de veille sanitaire (InVS) datant de mi-octobre, depuis le 1er janvier 2008, plus de 23 000 cas de rougeole ont été déclarés en France, dont près de 15 000 cas en 2011. Depuis le début de cette épidémie en 2008 et jusqu’à fin septembre 2013, plus de mille pneumopathies graves, ainsi que 32 complications neurologiques et 10 décès, ont été enregistrés. Après avoir baissé en 2012, le nombre de cas a continué à diminuer en 2013, avec 237 cas déclarés entre le 1er janvier et le 30 septembre, dont 4 pneumopathies graves et 2 encéphalites qui ont guéri sans séquelles. Le virus continue toutefois à circuler en particulier dans le sud-est de la France.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024