La question restait en suspens. La circoncision en prévention de l’infection à VIH/sida ne bénéficiait-elle qu’aux hommes ? L’étude (ANRS 12126) coordonnée par le Pr Bertrand Auvert (INSERM U1018) présentée à la Conférence internationale sur le sida, qui s’est achevée ce vendredi, montre pour la première fois que la circoncision masculine a un effet indirect sur les femmes. Les chercheurs français et africains ont analysé les données de trois études transversales menées en 2007, 2010 et 2012 dans le bidonville d’Orange Farm en Afrique du Sud auprès de 2 462 femmes âgées de 15 à 29 ans dont plus de 30 % affirment n’avoir eu des relations sexuelles qu’avec des hommes circoncis.
Une baisse de l’incidence de 20 %
Dans ce dernier groupe, le taux de prévalence du VIH était de 17,8 %, soit presque deux fois moins que dans le groupe de femmes ayant déclaré avoir eu aussi des relations sexuelles avec des hommes non circoncis. L’estimation de l’incidence, réalisée à partir d’un modèle mathématique, montre également une baisse de 20 % des nouvelles infections. « La réduction du risque est faible, mais c’est un début », a déclaré Kevin Jean.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande la circoncision médicale, sur la base du volontariat, dans les régions de forte prévalence où la pratique de la circoncision est faible, principalement en Afrique australe et de l’Est. Ces recommandations s’appuient sur l’étude ANRS 12165 menée en 2002 déjà à Orange Farm par le Pr Auvert dont les résultats ont ensuite été confortés par deux autres essais menés au Kenya et en Ouganda. Les résultats montraient une réduction du risque de contamination de 50 à 60 % chez les hommes. Une étude menée ultérieurement à Orange Farm avait aussi mis en évidence une bonne acceptation de la circoncision dans la population masculine lorsqu’elle est proposée en situation réelle et confirmait la baisse des nouvelles infections.
Prochaine conférence à Durban, en 2016
La prochaine Conférence internationale sur le sida de l’IAS (International AIDS Society) se tiendra précisément à Durban, en Afrique du Sud, en 2016. La Française Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de médecine, cédera la présidence au Pr Chris Beyer (Johns Hopkins School of Public Health) : « Je suis le premier gay déclaré à devenir président de l’IAS et, parce que j’ai enterré tellement d’amis et d’amants avant l’arrivée de traitements efficaces, je m’engage à ce que l’accès aux soins pour tous ceux qui en ont besoin et qui le veulent soit un des objectifs prioritaires de mon mandat », a-t-il déclaré lors de la cérémonie de clôture de l’édition de Melbourne. Un dernier hommage a été rendu aux six victimes de l’accident de la Malaysia Airlines.
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