Fatigue, dyspnée, douleurs thoraciques, manifestations neurologiques, troubles digestifs, etc. Plusieurs semaines, voire plusieurs mois, après le Covid-19, des patients peuvent présenter de symptômes prolongés. La Haute Autorité de santé (HAS) a élaboré des « réponses rapides » pour venir en aide aux professionnels qui les prennent en charge.
Face à ces symptômes encore mal connus, « les patients sont perdus et les médecins étonnés », souligne la Pr Dominique Salmon-Ceron, présidente du groupe de travail sur les symptômes prolongés de Covid-19 de la HAS.
Ces patients sont définis comme ceux ayant fait une forme symptomatique de la maladie et présentant un ou plusieurs symptômes initiaux quatre semaines après le début de la maladie sans qu’un autre diagnostic ne puisse être posé. Certains patients peuvent voir apparaître d’autres symptômes que ceux développés lors de l’infection.
Une amélioration progressive dans la plupart des cas
Contrairement aux formes graves de l'infection qui ont surtout conduit des hommes en surpoids en réanimation, les formes prolongées semblent affecter plus particulièrement des femmes, plutôt jeunes et sensibles aux allergies.
Pour la plupart de ces patients aux formes prolongées, « l’état de santé s’améliore de façon progressive », rassure la HAS, grâce notamment « une prise en charge globale personnalisée pouvant inclure des traitements symptomatiques, du repos et une réadaptation respiratoire et/ou un réentraînement progressif à l’effort ».
Mais, 5 à 10 % de ces patients « ne sont encore pas bien 9 mois après l’infection », estime la Pr Salmon-Ceron, se référant aux données d’une cohorte de l’Hôtel-Dieu. Selon l’infectiologue, des données britanniques mentionnent des symptômes prolongés à 12 semaines chez 10 % des patients.
Quelle que soit la situation de ces patients, la HAS invite d’abord les professionnels à « reconnaître la souffrance » et à « être à l’écoute », insiste la Pr Dominique Le Guludec, présidente de la HAS. Ils devront également s’assurer que ces symptômes ne correspondent pas à des complications de l’infection ou à des décompensations de morbidités sous-jacentes.
Plusieurs symptômes sont identifiés fréquemment : fatigue, essoufflement, douleurs thoraciques, palpitations, troubles de la concentration et de la mémoire, troubles du goût et de l’odorat, symptômes cutanés. Pour répondre à ces différents cas, la HAS propose une série de 10 fiches sur chacun des symptômes persistants.
Dix fiches détaillées selon les symptômes
Ces fiches sont conçues comme une aide aux praticiens pour la prescription éventuelle d’examens complémentaires et au diagnostic, mais aussi comme un support pour l’information des patients. L’enjeu, estime la Pr Salmon-Ceron, est de proposer une « prise en charge globale », d’éviter de multiplier les recours aux spécialistes et ainsi laisser le patient coordonner lui-même sa prise en charge. Il s’agit d’éviter « l’escalade thérapeutique », appuie la Pr Le Guludec.
Dans le cas des douleurs thoraciques, par exemple, l’issue est souvent bénigne, mais « ça peut correspondre à une atteinte cardiaque, comme une myocardite ou une péricardite », souligne la Pr Salmon-Ceron. La priorité sera de rechercher une cause pariétale fréquente et d’éliminer une origine cardiaque. En premier recours, l’interrogatoire et l’examen clinique se révèlent ainsi essentiels. En cas de doute, un ECG ou un dosage de la troponine est conseillé et l’avis d’un cardiologue peut être recommandé.
En cas de trouble du goût et de l’odorat, la persistance des symptômes, qui peut être un handicap majeur au quotidien, est parfois « associée à une inflammation persistante du bulbe olfactif », observe la Pr Salmon-Ceron. Dans la plupart des cas, des lavages au sérum physiologique et une rééducation olfactive seront suffisantes.
Un avis spécialisé ORL et une IRM des voies olfactives pourront être réalisés si les symptômes persistent au-delà de 2 mois ou en cas d’épistaxis, d’obstruction nasale unilatérale, de céphalées inhabituelles ou d’absence de contexte de contact viral pouvant expliquer la perte d’odorat.
De manière générale, l’importance d’une bonne hygiène de vie et du maintien d’une activité physique est rappelée. À l’inverse, la HAS rappelle que les régimes alimentaires « d’exclusion », les vitamines et suppléments en vente libre ou encore les approches de médecine « alternative » (acupuncture, auriculothérapie, ostéopathie, etc.) ne sont pas recommandés.
Par ailleurs, pour ces patients, la vaccination doit être envisagée au « cas par cas », indique la Pr Le Guludec, soulignant les nombreuses questions scientifiques persistantes sur les aspects épidémiologiques, physiopathologiques et thérapeutiques.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024