« Près de 7 000 nouveaux diagnostics d’infection à VIH sont portés chaque année, un chiffre stable qui témoigne de la non-exhaustivité du dépistage », observe le Pr Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses et tropicales à l’Hôpital Tenon (Paris) : 150 000 personnes aujourd’hui sont séropositives pour le VIH en France, dont au moins 25 000 ignorent leur statut (la moitié en Ile-de-France). 30 % arrivent dans un service spécialisé au stade SIDA ou avec un taux de CD4 inférieur à 200… alors qu’elles ne pensaient pas être à risque. Autre motif d’inquiétude, une ou plusieurs maladies sexuellement transmissibles sont associées à l’infection à VIH dans 38 % des cas.
« Ce peut être le cas des personnes de plus de 40 ans, arrivées à un tournant dans leur vie sentimentale et sexuelle, qui ont oublié les attitudes de prévention ou n’en ont pas l’habitude (le préservatif !), ne se sentent pas concernés par les risques d’infections et se dépistent donc peu », constate Jérôme André, directeur d’HF Prévention*, association experte de la prévention auprès de publics « invisibles », hors des circuits habituels de dépistage.
Nouvelles questions
Pour mieux comprendre les inquiétudes et le vécu des patients porteurs du VIH, le SIS-Réseau a mené une enquête qui révèle un certain nombre d’informations précieuses pour le dépistage et la prise en charge. Près de 6 600 personnes ont découvert leur séropositivité en 2014, hétérosexuelles pour 56 %, hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) pour 48 %, les personnes de 50 ans et plus représentant 20 % de ces nouvelles séropositivités. En 2020, la moitié des personnes vivant avec le VIH aura plus de 50 ans, survivants, nouveaux dépistés ou nouveaux contaminés.
Or la chronicisation de la maladie pose de nouvelles questions. Si l’espérance de vie d’un patient traité et contrôlé est équivalente à celle de la population générale, les comorbidités brouillent les cartes : coïnfections par les virus des hépatites B ou C, dépression, fibrose hépatique, ostéoporose, pathologies cardiovasculaires, troubles cognitifs, etc. Tous les systèmes peuvent être touchés : une exposition au virus et aux traitements, inflammation à bas bruit et effets secondaires des antirétroviraux, accélère et amplifie donc le vieillissement lié à l’âge.
L’enquête SIS révèle par ailleurs que les patients sont en grande majorité satisfaits de leur suivi, du VIH et des autres pathologies. Une personne sur 5 toutefois ne sait pas si elle souffre de telle ou telle comorbidité ou est suivie pour cela, ce qui trahit un manque de communication avec les soignants. Et 6 sur 10 en présentent effectivement au moins une. « Ce dont on est sûr, c’est qu’un dépistage et un traitement précoces, maintenant indiqué pour tous les séropositifs, quels que soient leur charge virale et leur taux de CD4, permettent de ralentir le vieillissement lié aux comorbidités », souligne le Dr Valérie Martinez, service des maladies infectieuses à l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris). Le dépistage systématique est par conséquent plus que jamais conseillé, dans cette tranche d’âge aussi et surtout, a priori plus « fragile ».
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024