DE NOTRE CORRESPONDANTE
LE VIRUS Hendra (HeV) et le virus Nipah (NiV), deux paramyxovirus étroitement apparentés constituant le genre des Henipavirus, ont émergé dans les années 1990 comme les agents responsables de flambées de maladies respiratoire et neurologique graves, voire fatales, chez des chevaux (HeV), des porcs (NiV) et l’homme.
Le réservoir naturel de ces deux virus est une chauve-souris frugivore trouvée en Asie du Sud-est et en Australie. L’HeV se transmet à l’homme par contact proche avec des chevaux infectés, tandis que le NiV se transmet à l’homme par contact avec des porcs infectés ; cependant une transmission directe de la chauve-souris à l’homme et d’homme à homme (pour le NiV) peut survenir.
Bien qu’on ait recensé à ce jour seulement une douzaine de cas confirmés d’infection HeV chez l’homme (en Australie) et 500 cas humains d’infection NiV (Malaysie, Singapour, Bengladesh et Inde), des flambées surviennent maintenant quasi annuellement, et la possibilité de propagation associée à une mortalité de 70 % chez les personnes infectées font de ces virus un sujet de préoccupation.
Agents de niveau 4.
Étant donné leur extrême virulence et leur potentiel bioterroriste, HeV et NiV sont classés comme agents de niveau de biosécurité 4, ce qui n’a pas facilité le développement des modèles animaux ni l’évaluation de médicaments ou vaccins expérimentaux.
De fait, il n’existe actuellement aucun vaccin ou thérapie approuvés contre ces 2 virus.
Des avancées récentes ont toutefois été enregistrées.
Un modèle primate non humain a été développé ; le singe vert africain infecté par l’HeV ou le NiV développe une maladie toujours fatale, qui récapitule les symptômes sévères de la maladie humaine (vasculite multisystémique avec atteinte sévère des poumons, rate et cerveau).
Un anticorps monoclonal humain recombinant (m102.4) a été développé contre l’HeV. Cet anticorps m102.4 cible les récepteurs cellulaires ephrin-B2 et ephrin-B3 sur lesquels la glycoprotéine d’enveloppe G des deux Henipavirus se fixe. Ce puissant anticorps neutralisant les 2 virus s’est montré capable de protéger le furet contre une dose létale de NiV.
Une équipe de chercheurs américains, Bossart, Geisbert et coll., a maintenant démontré que cet AC m102.4 peut protéger du décès les singes verts africains infectes par l’HeV.
Dans une installation de biosecurité de niveau 4, 14 singes ont été inoculés avec une dose létale d’HeV (par voie trachéale), et 12 d’entre eux ont reçu une dose de 100 mg d’AC m102.4 à 2 reprises (par perfusion intraveineuse) puis de nouveau 48 heures plus tard ; cette immunothérapie passive était administrée soit 10 heures après l’infection, soit 24 heures, soit encore 72 heures après.
Les 12 singes ont survécu. Les animaux qui étaient traités 72 heures après l’infection ont présenté des signes neurologiques de la maladie, mais tous ont recouvré la santé dans les 16 jours suivant l’infection.
« Je pense que c’est un traitement très prometteur, surtout lorsque l’on considère que son effet reste robuste même s’il est administre 3 jours après l’infection, estime le Dr Geisbert (University of Texas Medical Branch, Galveston). Ce qui est également intéressant, c’est que cet anticorps présente aussi une forte activité contre le virus Nipah, qui est très similaire au virus Hendra. Nous évaluons actuellement l’efficacité de cet anticorps contre le NiV. Cela le rendrait encore plus précieux. »
À titre compassionnel chez une mère et sa fille.
L’année dernière, l’AC m102.4 a été demandé par les autorités sanitaires australiennes afin d’offrir cette option thérapeutique à titre compassionel, avant même qu’il soit autorisé ou que son innocuité ait été évaluée.
L’AC a été administré pour protéger une mère et sa fille à haut risque d’exposition. Les deux femmes ont bien toléré cette immunothérapie prophylactique, et restent à ce jour en bonne santé, sans signe d’infection.
« Un prochain objectif est de conduire une étude de toxicité chez l’animal, et puis il faudra trouver un financement afin de conduire un essai de phase 1 », confie au « Quotidien » le Dr Christopher Broder (Uniformed Services University, Bethesda) qui a supervisé ce travail.
Science Translational Medicine, Bossart et coll., 19 octobre 2011
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