Parce qu’elles sont surtout destinées à observer les conséquences des différentes politiques de bon usage des antibiotiques mises en place, les bases de données nationales consacrées au suivi de la consommation des antibiotiques (Réseau d’Alerte et d’Investigation de Surveillance des Infections nosocomiales [ANSM], Réseau d’Alerte et d’Investigation de Surveillance des Infections nosocomiales [ATB RAISIN], Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques [DRESS], etc.) rendent des résultats globaux, avec des délais d’analyse et de mise à disposition souvent très importants. De plus, il est fréquent d’observer des écarts dans les valeurs par établissement, du fait de méthodologies différentes. Elles sont, de ce fait, difficilement exploitables en interne par les différents professionnels au sein des établissements.
Pour qu’un outil de surveillance présente – au-delà de son versant indicateur macroscopique – un intérêt pédagogique et un moteur de progrès (c’est-à-dire d’amélioration des pratiques de prescription), il faut que le prescripteur lui-même puisse accéder à ses données de consommation ; au travers de ces chiffres, il doit trouver une vision de l’impact écologique de sa prescription.
L’objectif de ConsoRes (« Consommation et résistance aux bactéries ») est d’implanter sur le terrain un système de recueil au niveau local – au plus près des professionnels – assurant la transmission et la synthèse des consommations d’antibiotiques et des résistances bactériennes auprès des différents acteurs de l’établissement, que ceux-ci aient une activité sectorisée (clinicien dans son service) ou transversale (pharmaciens, bactériologistes, présidents de CCLIN, commission du médicament).
Concretement, ConsoRes est un outil web mis gratuitement à la disposition des établissements publics et privés volontaires (consores.net). Son accès est sécurisé via un identifiant et un mot de passe. La collecte des données issues de requêtes des systèmes informatiques hospitaliers est facilitée, grâce à des importations intégrées évitant les saisies manuelles. Ainsi, les consommations d’antibiotiques et les résistances bactériennes sont réunies dans une même base de données permettant de les consulter en ligne et sans délai.
Les données consolidées de consommation (globale, par familles, par molécules…) et de résistance sont visualisables à l’échelon de l’établissement mais aussi au niveau des unités médicales, des services ou des types d’activités sur la (les) période(s) choisie(s).
Le système d’analyse permet également d’établir des comparaisons avec les autres établissements de même type ou de même dimension et de réaliser de nombreuses requêtes. Une synthèse de ces analyses présentée sous la forme de tableaux de bord est envoyée trimestriellement et annuellement à chaque utilisateur par courriel. Enfin, ConsoRes permet d’alimenter les bases nationales (ATB RAISIN...) sans nouvelles saisies.
Montée en charge progressive
Actuellement, 320 établissements sont inscrits à ConsoRes. La poursuite du déploiement s’accentuera en 2014, en collaboration avec les réseaux de conseils en antibiothérapie que sont Antibiolor (région Lorraine) et Medqual (région Pays de la Loire, lire aussi page 2) et les réseaux de surveillance RAISIN.
Afin de faciliter la découverte et la prise en main de l’outil, les nouveaux utilisateurs pourront désormais bénéficier de modules de formation en ligne sur le site Clubconsores qui a été mis en ligne cette semaine, en plus du support téléphonique déjà existant.
Centre de coordination de la lutte contre les infections nosocomiales de l’Inter-région Est (CCLIN EST), hôpitaux de Brabois, Vandoeuvre les Nancy.
(1) Boussat S, Demoré B, Lozniewski A. How to improve the collection and analysis of hospital antibiotic consumption: preliminary results of the ConsoRes software experimental implementation. Med Mal Infect. 2012 Apr;42(4):154-60. doi: 10.1016/j.medmal.2012.02.006. Epub 2012 Mar 15.
(2) Boussat S, Clément S, Hénard S. Déploiement à grande échelle de ConsoRes : retours d’expériences. JNI 2013. Med Mal Infect. Vol 43 - N° 4HS -juin2013.
exergue
Il faut que le prescripteur puisse accéder à ses propres données de consommation
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