En ciblant les toxines

Un vaccin à l'essai contre le staphylocoque doré

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Publié le 07/07/2020
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Des chercheurs new-yorkais ont développé un candidat vaccin destiné au traitement des infections à staphylocoque doré.

Crédit photo : Phanie

Les staphylocoques dorés sont l'une des causes les plus fréquentes de septicémie, avec un taux de mortalité élevé en raison de l'émergence de résistances aux antibiotiques. Plusieurs équipes tentent de trouver des alternatives pour prendre en charge ce genre d'infection.

La piste des vaccins patinait jusqu'à présent à cause d'une caractéristique spécifique de ces pathogènes : leur capacité à produire des toxines, nommées leucocidines, capables de détruire les leucocytes et donc de perturber la réponse immunitaire adaptative.

Les chercheurs de l'école de médecine Grossman (université de New York) ont tenté une nouvelle approche : inoculer une version mutée non pathogène des leucocidines destinée à entraîner la production d'anticorps en mesure de les contrer. L'idée étant de neutraliser les leucocidines en cas d'infection, afin de les empêcher de perturber la production d'anticorps dirigés directement contre les staphylocoques dorés.

Premiers résultats chez la souris

Dans le « Journal of Experimental Medicine », les chercheurs décrivent les premiers essais in vivo menés avec succès chez la souris. Après avoir été immunisés, les animaux résistaient aux tentatives d'infection par des souches de staphylocoques résistants à la méthicilline.

Il existe quatre leucocidines identifiées pour leur action sur les leucocytes humains : les leucocidines LukED, les γ-hémolysines, les leucocidines Panton-Valentine et les LukAB. Les auteurs se sont concentrés sur les LukED et sur les leucocidines Panton-Valentine, qui sont également des cibles pertinentes dans le modèle murin.

Les souris qui avaient produit des quantités importantes d'anticorps dirigés contre les leucocidines présentaient une réponse humorale contre les staphylocoques dorés plus importante et rapide que les animaux non immunisés.

K Tam et al. Journal of Experimental Medicine, 30 juin 2020. doi.org/10.1084/jem.20190541

Damien Coulomb

Source : Le Quotidien du médecin