Inlassablement, à chaque automne, la grippe se transforme pour déjouer les défenses immunitaires mises en place lors de l’épidémie précédente. Comment la prendre de vitesse ? Des chercheurs dirigés par Judith Fonville de l’université de Cambridge proposent des pistes pour mettre au point des vaccins plus efficaces en anticipant les mécanismes d’échappement utilisés par le virus.
Des souches relativement similaires sur le plan antigénique circulent pendant quelques années avant d’être remplacées par de nouvelles aux caractéristiques antigéniques inédites. Plusieurs souches de grippe circulent en même temps à un moment donné. Pour la nécessaire mise à jour vaccinale, la stratégie actuelle consiste à s’appuyer sur les virus circulants, mais comme l’étude le montre, il serait plus productif d’arriver à anticiper les futures souches.
Près de 43 ans d’évolution d’influenza A/H3N2
Tout le travail publié dans « Science » repose sur l’utilisation d’une toute récente technique de modélisation informatique, dite de « panorama d’anticorps ». Cette méthode repose sur l’analyse quantitative de la réponse anticorps à des pathogènes antigéniquement variables. L’équipe de Judith Fonville est parvenue à visualiser l’interaction entre les réponses immunitaires protectrices mises en place après vaccination ou après infection et les moyens utilisés par le virus pour y échapper.
Le phénomène de « back-boost »
Pour cela, les scientifiques ont multiplié les panoramas d’anticorps au fil du temps, balayant ainsi 43 ans d’évolution du virus influenza A/H3N2. Ils ont décrit précisément le profil immunitaire de 69 individus suivis pendant 6 ans pour la grippe mais aussi celui de 225 sujets avant et après vaccination. Là, les chercheurs ont constaté qu’après une infection grippale ou après la vaccination, les titres des anticorps augmentent, et pas seulement ceux liés à l’épisode en cours. Ce phénomène dit de « back-boost » est très large. Si large qu’il inclut l’ensemble des virus grippaux rencontrés au cours de la vie, même très longtemps auparavant, bien au-delà donc de la réactivité croisée observée après primo-infection.
Selon les chercheurs, leurs résultats apportent une réponse convaincante et rassurante à la question : vaut-il mieux garder la même souche vaccinale ou anticiper avec un vaccin dirigé contre une souche nouvelle ? Pour eux, un vaccin anticipateur serait plus efficace pour protéger contre ce nouveau variant, sans pour autant grever la protection contre les souches circulantes. Autrement dit, l’utilisation d’un virus antigéniquement avancé présenterait le double avantage d’induire la production d’anticorps à la fois contre les variables antigéniques actuelles et futures. Une piste prometteuse à explorer chez les sujets précédemment exposés, l’ampleur et la persistance de la réponse immunitaire étant à évaluer.
Science, publié le 21 novembre 2014
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