Pour le Pr Yazdan Yazdanpanah, directeur de l'ANRS-MIE, l'existence de patients infectés par le virus de la variole du singe et asymptomatiques valide la stratégie française visant à vacciner systématiquement les publics à risque. « La question que l'on peut poser maintenant est : ces patients asymptomatiques sont-ils contaminants ? s'est interrogé l'infectiologue lors d'une conférence de presse organisée par la Direction générale de la santé (DGS). Nous n'en avons pas la preuve formelle mais, compte tenu des quantités de virus retrouvées, il n'y a pas de raison que ce ne soit pas le cas. »
Le 16 août dernier, l'équipe de l'hôpital Bichat-Claude Bernard (AP-HP) a confirmé dans « Annals of Internal Medicine » l'existence de patients asymptomatiques dans la population à risque des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH). Ces données ont été « confirmées par les résultats d'une autre étude belge », indique Pr Yazdanpanah.
Dans leur étude, les chercheurs parisiens ont proposé de façon systématique un prélèvement anorectal chez les HSH fréquentant une consultation PrEP. Au cours des mois de mai et de juin, sur les 706 HSH pris en charge dans le service, 40 % avaient au moins une lésion anale, soit 383 personnes, dont 271 avaient une infection confirmée. Parmi les 323 personnes sans symptôme, 213 ont accepté de se plier au prélèvement et une charge virale a été détectée chez 13 d'entre eux, soit une prévalence de 6,5 %. Les médecins de l'hôpital Bichat ont demandé à tous les patients asymptomatiques de limiter leurs pratiques sexuelles au cours des 21 jours suivant le prélèvement.
À ce jour, 70 000 injections vaccinales ont été réalisées, bien que l'Agence du médicament (ANSM) ne soit pas en mesure de préciser le nombre de personnes ayant reçu un schéma complet à deux doses (pour rappel, la HAS a estimé qu'il n'y avait pas lieu d'imposer un délai maximal entre les deux doses). Au cours de l'été, 220 centres de vaccination ont été ouverts, et le Pr Jérôme Salomon, directeur général de la santé, a promis ce 30 août que 140 000 doses seraient livrées « d'ici à la fin de la semaine ». La vaccination contre la variole du singe sera maintenue en France pendant encore plusieurs mois en 2022 et probablement jusqu'à début 2023.
Expérimentation réussie en pharmacie
En août, cinq officines ont participé à une expérimentation de vaccination en pharmacie. « Le retour était positif du point de vue de la prise en charge des personnes vaccinées, explique le Pr Salomon. Nous n'allons pas généraliser la vaccination en officine, mais prôner un élargissement pragmatique : dans les prochaines semaines, les ARS vont travailler avec les acteurs de terrain pour voir si la situation épidémiologique justifie un tel dispositif et si des officines sont volontaires pour y participer. »
L'ANSM s'interroge aussi sur l'opportunité de procéder à des injections intradermiques, et non plus intramusculaires comme c'est actuellement le cas. Ce mode d'administration, autorisé par l'Agence européenne des médicaments (EMA), permettrait d'injecter des doses de 0,1 ml au lieu de 0,5. « Le geste de l'intradermique n'est pas un geste facile, prévient Caroline Semaille, directrice générale adjointe de l'ANSM. Il faut des personnes formées et des aiguilles particulières. En termes d'immunogénicité, on a les mêmes résultats avec une injection intradermique, mais les données semblent montrer que c'est plus réactogène. »
Le pic de l'épidémie possiblement passé
Selon les données de Santé publique France du 29 août, 3 547 cas (dont 97 % de HSH, 56 femmes et 9 enfants) sont confirmés biologiquement en France. Le nombre hebdomadaire de nouveaux cas français diminue régulièrement depuis sept semaines. Une tendance également observée dans le reste de la région Europe de l'OMS, où l'incidence a diminué de 21 % en quelques semaines.
« Il semble que le pic de l'épidémie soit passé, cela conforte notre stratégie collective !, se réjouit le Pr Salomon. Nous devons rester prudents et vigilants, mais cela montre que nos outils sont efficaces quand ils sont utilisés dans le cadre d'une stratégie de prévention globale. Il est possible d'enrayer cette épidémie par la prévention ! »
Pour Laetitia Huiart, directrice scientifique à Santé publique France, la dynamique de baisse « reste très hétérogène dans les 100 pays concernés par l'épidémie ». Elle attire l'attention sur les rares cas féminins : « Il s'agit de femmes jeunes, 27 ans en médiane, chez qui nous avons du mal à déterminer les circonstances de leur contamination. » Pour l'heure, aucun décès français n'est à déplorer, et 3 % des malades ont été hospitalisés.
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