Le rôle prépondérant des lymphocytes NK (Natural Killer) avait déjà été mis en évidence chez les très rares contrôleurs naturels du VIH. Les derniers résultats de la cohorte ANRS VISCONTI présentés cette nuit lors de la conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI) de Seattle viennent de montrer que ces cellules sont également impliquées dans la capacité des « contrôleurs post-traitement » à maitriser leur infection.
La cohorte VISCONTI est constituée de 14 patients séropositifs dans un état qui s’apparente à une « rémission fonctionnelle ». Ces malades sont en effet capables de contrôler l’infection par le VIH plus de huit ans après la fin de leur traitement. Ils ont tous la particularité d’avoir bénéficié d’un traitement initié mois de dix semaines après leur contamination, qu’ils ont poursuivi pendant une durée médiane de trois ans avant de choisir de l’arrêter.
Une surexpression des récepteurs KIR
Le Dr Daniel Scott-Algara, de l’unité de régulation des infections rétrovirales de l’Institut Pasteur de Paris, et ses collègues, ont observé chez les membres de VISCONTI une surexpression des récepteurs KIR (Killer cell Immunoglobulin-like Receptor) à la surface des lymphocytes NK, connus pour être associés à une progression plus lente de l’infection par le VIH, chez les contrôleurs post-traitement. « Ces récepteurs sont deux fois plus exprimés chez un contrôleur post-traitement que chez un malade normal », explique le Dr Daniel Scott-Algara. On a également observé une augmentation significative de la sécrétion d’interférons Y et une très faible expression des récepteurs CD160. » L'activité cytotoxique des cellules NK des patients de la cohorte VISCONTI n'était pas plus intense contrairement à ce qui a pu être observé pour les cellules NK des contrôleurs naturels du VIH.
Cette altération du phénotype des récepteurs KIR n’a rien d’exotique : « C’est un phénotype retrouvé chez des patients souffrant d’une infection aiguë non traitée, poursuit le Dr Scott-Algara, mais chez les post-contrôleurs, le traitement initié très tôt semble avoir "gelé" ce phénotype qui se maintient plusieurs années après l’arrêt du traitement. »
Un argument en faveur du traitement précoce
Mises en relation in vitro avec des lymphocytes T CD4+ infectés par le VIH, les cellules NK des contrôleurs post-traitement provoquent une baisse significative des niveaux de protéine virale P24, produite par le VIH lors de sa réplication.
Pour le Dr Scott-Algara, ces résultats démontrent une fois de plus l’intérêt de traiter précocement les patients infectés par le VIH afin de préserver leurs systèmes immunitaires : « En traitant les patients dès la primo-infection, l’activité et le répertoire des cellules NK sont conservés, ce qui n’est pas le cas chez les patients traités plus tardivement », conclut-il. Les chercheurs n’ont toutefois pas encore d’explication quant aux mécanismes en cause qui feront l’objet de leurs prochains travaux.
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