Les risques concernent plusieurs domaines cognitifs et persistent des décennies après « Il est important que les praticiens connaissent l’histoire professionnelle de leurs patients même quand ceux-ci sont retraités. La connaissance d’une exposition doit inciter à une meilleure prise en charge de l’ensemble des facteurs de risque de troubles cognitifs, et en premier lieu les facteurs de risque vasculaire », explique au Quotidien le Dr Claudine Berr, chercheuse à l’INSERM de Montpellier qui a dirigé l’étude publiée dans Neurology.
En France, environ 14 % des travailleurs sont exposés aux solvants organiques, des produits utilisés pour leurs propriétés dégraissante, diluante, dissolvante, ou bien détachante, dans de nombreux secteurs d’activité.
Ces produits ont des effets neurotoxiques, mais leurs effets sur la fonction cérébrale à long terme sont peu connus.
Pour en savoir plus, Sabbath et coll. ont exploité les données de la cohorte GAZEL composée de 20 000 salariés d’EDG-GDF suivis depuis 1989 et dont les étapes du parcours professionnel sont bien répertoriées.
Leur étude porte sur 2 143 hommes retraités qui se sont prêtés à des tests cognitifs en 2010, en moyenne 10 ans après la retraite (âge moyen de 65 ans).
Chlore, pétrole et benzène
Leur exposition professionnelle à trois types de solvants - chlorés (33 % des participants), pétroliers (25 %), et benzène (26 %), a été déterminée et classée en 3 niveaux (0, modérée, et élevée). Les participants ont aussi été divisés 2 groupes selon que la dernière exposition était récente (12 à 30 ans avant le test cognitif) ou ancienne (31 à 50 ans avant le test).
Les retraités fortement exposés jusque dans les 12 à 30 dernières années (récent) présentent le plus grand risque de déficits cognitifs (accru de 30 à 60 %).
De façon surprenante, ces déficits concernent pratiquement tous les domaines de la mémoire et de la pensée, y compris des domaines non associés d’habitude aux solvants, comme se rappeler des mots entendus ou retrouver une information (par exemple nommer autant d’animaux que possible en une minute).
Le temps n’efface pas tout
« Ce qui nous a aussi surpris, c’est d’observer des problèmes cognitifs chez ceux fortement exposés de manière plus ancienne, 30 à 50 ans auparavant. Ainsi, les effets ne s’atténuent pas complètement avec le temps pour une exposition élevée », précise le Dr Erika Sabbath (Harvard School of Public Health, Boston), première signataire de l’étude.
Ces résultats, explique la chercheuse, plaident en faveur « d’une réduction ou d’une prévention de l’exposition aux solvants, en utilisant des matériaux différents contenant moins de solvants et en faisant respecter l’usage d’équipements protecteurs personnels lorsque les taux ne peuvent pas être réduits ».
Neurology 12 mai 2014, Sabbath et coll.
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