Les entreprises et les professionnels de santé se trouvent souvent désarmés pour préserver la santé de leurs salariés.
Quel rôle peut avoir une entreprise en matière de prévention ? Quelles sont les bonnes pratiques ? La médecine du travail suffit-elle ?
Lors d’une table ronde organisée par le think tank Ethic (entreprises de taille humaine indépendantes et de croissance), le Dr Martine Keyrier, médecin du travail, secrétaire nationale CFE-CGC santé au travail et handicap, s’est montrée critique à l’égard de nombreux chefs d’entreprise dont la vision est jugée réductrice en matière de prévention. Devant un parterre d’employeurs, le médecin a déploré que la prévention en entreprise porte davantage sur le bien-être du salarié que sur sa santé en relation directe avec son emploi ou son poste de travail. « Privilégier une alimentation saine à la cantine d’entreprise est une chose, travailler sur la pénibilité au travail en est une autre », a-t-elle relevé, qualifiant de « papouilles » les mesures de prévention de certains employeurs. Pourtant, les maladies professionnelles coûtent en moyenne 3 420 euros par salarié par an à l’entreprise, a indiqué le médecin.
Co-responsabilité
La médecine du travail, sur laquelle doit s’appuyer l’employeur, ne possède plus les moyens ni les effectifs à la mesure des enjeux de la santé des salariés, jugent la plupart des experts.
Pour le Dr William Lowenstein, président de SOS addictions, la médecine du travail, au même titre que la médecine scolaire, souffre d’une crise de vocation qui fragilise l’édifice. Ce spécialiste en médecine interne et addictologue explique que les entreprises, « creuset de stress, de workaholisme et de conduites dopantes », sont elles aussi responsables de la santé de leurs salariés. Au-delà des risques psychosociaux ou des troubles musculo-squelettiques en forte croissance, elles doivent donc être capables de repérer les addictions naissantes, de faire de la prévention (alcool, tabac, nutrition...) et surtout d’intervenir auprès de salariés fragilisés, avec l’aide de professionnels extérieurs (du monde de la santé ou pas).
L’absentéisme coûte sept milliards d’euros par an aux employeurs et neuf milliards d’euros à la Sécurité sociale. Environ 60 % des absences résultent de problèmes de santé. Or, un euro investi en prévention génère un retour sur investissement de cinq euros. L’entreprise a donc intérêt à surveiller la santé de ses salariés.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024