LA MORT SUBITE dans l’épilepsie n’est pas une légende. Deux neurologues, le Pr Simon Shorvon de l’institut de la neurologie à Londres et le Pr Torbjorn Tomson, de l’université Karolinska de Stockholm, font état des différentes mesures de prévention évoquées dans la littérature. Le risque de décès de cause inexpliquée chez les épileptiques est en effet multiplié par 20 par rapport à la population générale, parfois d’un facteur 100 selon la sévérité de la maladie.
Quand il est question de mort subite de l’épilepsie (sudden unexpected death in epilepsy, SUDDEN), il faut garder à l’esprit que cette entité n’a rien à voir avec les dangers inhérents à la perte de conscience, en particulier les lésions traumatiques ou les noyades. Ces décès, survenant le plus souvent après une crise tonico-clonique, devant témoins ou non, restent inexpliqués même après autopsie. Les mécanismes physiopathologiques les plus vraisemblables mettraient en jeu une hypoventilation obstructive, centrale ou mixte, et/ou des troubles du rythme cardiaque.
Un contrôle médicamenteux efficace.
Alors que le nombre de crises tonico-cloniques est de loin le facteur prédisposant le plus fort, un contrôle médicamenteux efficace et la compliance au traitement s’imposent sans surprise comme les mesures phares de prévention. Par rapport à des sujets ayant eu 2 crises tonico-cloniques dans l’année précédente, le risque relatif de mort subite est multiplié par 7 chez ceux en ayant eu entre 3 et 12, par 8 chez ceux en ayant entre 30 et 50, par 10 chez ceux en ayant plus de 50.
Paradoxalement, la prescription d’une polythérapie se révèle être un facteur prédisposant avec un risque de mort subite 3 fois plus élevé qu’en cas de monothérapie. Les experts proposent ainsi de modifier les traitements de façon prudente, étagée et graduelle. Une surveillance du sommeil des patients à haut risque pourrait s’avérer également utile, puisque la survenue de crises nocturnes est également identifiée comme facteur prédisposant. Une attention particulière devrait être apportée aux patients présentant une bradycardie sévère ou des apnées en phase post-critique et aux sujets ayant des antécédents cardio-respiratoires. Sans qu’il soit possible d’opposer une quelconque intervention, d’autres facteurs prédisposants sont mentionnés, tels que le sexe masculin, la survenue précoce de l’épilepsie (avant l’âge de 16 ans), l’ancienneté des symptômes (≥15 ans) et l’absence de témoins lors de la crise.
Même si l’épilepsie est relativement fréquente, le risque de mort subite reste fort heureusement rare. Compte-tenu du stress et de l’anxiété générés inutilement, est-il vraiment légitime d’informer et de communiquer sur la mort subite ? « Tous les patients épileptiques devraient être avertis du risque de mort subite, répondent les neurologues. Même si l’épilepsie ne menace pas habituellement le pronostic vital, certains patients décèdent suite à une crise convulsive, soit de cause accidentelle, soit de mort subite. Or il est possible de minimiser le risque par un meilleur contrôle des crises tonico-cloniques ».
The Lancet, publié en ligne le 6 juillet 2011. DOI:10.1016/S0140-6736(11)60176-1
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