Un anticorps monoclonal suivi en PET scan

Le bapineuzumab diminue la charge amyloïde dans l’Alzheimer

Publié le 03/03/2010
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UN NOUVEL anticorps monoclonal, le bapineuzumab, pourrait être efficace dans la maladie d’Alzheimer. « Après un protocole de traitement par un anticorps monoclonal anti-amyloïde bêta, le bapineuzumab, l’équipe du Dr Juha Rinne à l’hôpital de Turku a observé une diminution du signal PiB au PET scan, un signal spécifique de la charge en protéines bêta amyloïde, chez des sujets atteints d’une maladie d’Alzheimer, explique le Dr Sam Gandy, neurologue au Mount Sinaï Hospital, à New York. Les auteurs émettent la conclusion logique que l’anticorps accélérerait la clairance de la protéine fibrillaire bêta amyloïde. Cette nouvelle technique de neuroimagerie permettrait ainsi de tester in vivo l’hypothèse amyloïde dans la maladie d’Alzheimer ». Si l’on vient à montrer en effet que la diminution des plaques amyloïdes bêta entraîne bien un bénéfice clinique, le C-PiB PET scan pourrait être utilisé à l’avenir pour évaluer d’autres nouvelles molécules dans la maladie d’Alzheimer.

Un dépôt diminué de 25 %.

Les neurologues finlandais ont ainsi inclus, puis randomisés 28 patients en deux groupes, groupe bapineuzumab (n = 20) et groupe placebo (n = 8). Dans le groupe bapineuzumab, trois dosages ont été administrés : 0,5, 1,0 ou 2,0 mg/kg. Les patients ont reçu 6 perfusions I. V. sur treize semaines. Une imagerie par C-PiB PET scan était réalisée à l’inclusion, à 20, 45 et 78 semaines. Le critère principal de jugement était la modification du signal PiB à la semaine 78 au niveau de 6 zones déterminantes du cortex.

À la semaine 78, la modification de la rétention du signal PiB était de -0,09 (IC 95 -0,16 à -0,02 ; p = 0,014) dans le groupe bapineuzumab versus +0,15 (0,02-0,28 ; p = 0,022) dans le groupe placebo. La différence moyenne de rétention entre les deux groupes à la semaine 78 par rapport à l’inclusion était de -0,24 -0,39 à -0,09 ; p = 0,003). À la semaine 78, le ratio du signal à -0,09 dans le groupe bapineuzumab correspond à une baisse de 8,5 % par rapport à la valeur d’inclusion, alors que l’augmentation du ratio de 0,15 dans le groupe placebo représente une augmentation d’environ 16,9 % par rapport à la valeur de base de 1,89. En utilisant cette approche statistique, on peut estimer que le traitement par l’anticorps monoclonal était associé à une diminution de 25 % du dépôt amyloïde bêta. La rétention du signal C-PiB était identique pour les trois doses testées.

L’étude du Dr Rinne n’avait pas la puissance nécessaire pour évaluer les bénéfices cliniques. Ainsi, comme on pouvait s’y attendre, il n’a été constaté aucune différence d’évolution après ajustement sur les caractéristiques de départ. Des essais de phase III sont d’ores et déjà en cours pour évaluer l’efficacité clinique du bapineuzumab, ainsi que ses effets sur l’imagerie et les concentrations des marqueurs du liquide céphalorachidien. Comme concluent les auteurs, « cette technique permet de tester plus directement l’hypothèse amyloïde en cherchant si une molécule capable de réduire l’accumulation de protéine bêta amyloïde entraîne un effet sur le pronostic clinique ».

The Lancet, publié en ligne le 1er mars 2 010. DOI:10.1016/S1474-4422(10)70043-0

 Dr IRÈNE DROGOU

Source : Le Quotidien du Médecin: 8720