Avant l’apparition d’un Alzheimer

Le déclin cognitif se fait par paliers

Publié le 13/10/2009
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NON SEULEMENT, expliquent David K. Johnson et coll. (Missouri, États-Unis), on constate des petits signes cognitifs évocateurs de la survenue d’une maladie d’Alzheimer, mais en plus il existe des points d’inflexion brutaux annonciateurs. Ces moments précis surviennent de façon décalée avant que ne soit porté le diagnostic. Leur constat a été confirmé par des examens anatomopathologiques post-mortem (n = 44) pour certains des patients enrôlés.

Le travail a été mené de façon rétrospective auprès de 444 volontaires, de 60 à 101 ans lors des inclusions réalisées entre octobre 1979 et décembre 2006. Tous étaient « cognitivement sains » à l’entrée dans l’étude. Ils ont subi annuellement des tests d’évaluation de leur aptitude mentale globale, ainsi que des batteries de tests couvrant trois domaines cognitifs spécifiques : la mémoire verbale, la mémoire de travail et les aptitudes visuospatiales. Des comparaisons ont pu être établies entre les 134 participants devenus déments et le 310 qui ont conservé leurs facultés.

Il existe clairement un virage entre un vieillissement normal et des signes précliniques de maladie d’Alzheimer, expliquent les auteurs. Ils constatent une brusque altération des aptitudes visuospatiales trois ans avant le diagnostic de la démence, ce qu’ils considèrent comme une nouveauté. Un an plus tard, les tests montrent que c’est au tour des aptitudes cognitives globales de décliner. Enfin, les points d’inflexion des mémoires verbale et de travail surviennent dans l’année qui précède le diagnostic. Le retard du point de déclin de la mémoire verbale serait dû au couplage des tests de mémoire sémantique et épisodique en un seul item, expliquent D.K. Johnson et coll. Une fois le processus de déclin engagé il s’accélère vers la déchéance cognitive.

« Ceci suggère que la recherche orientée vers la détection précoce de troubles cognitifs fondée uniquement sur la mémoire épisodique, tel que le rappel de mots ou de paragraphes, pourrait n’être pas assez sensible… Avant le point d’inflexion, l’évolution de ceux qui ont eu et n’ont pas eu la maladie d’Alzheimer était la même » conclut l’équipe.

Arch Neurol, vol 66, n°10, pp. 1254-1259.

 Dr GUY BENZADON

Source : lequotidiendumedecin.fr