« LA VEILLE DE PÂQUES, je me suis réveillé au milieu de la nuit, j’ai noté quelques lignes, puis me suis rendormi », raconte Otto Loewi. Déchiffrées le lendemain, ces notes jetées rapidement sur un papier au milieu du sommeil se sont révélées extrêmement précieuses. « Elles posaient la méthode d’une expérience permettant de mettre à l’épreuve mon hypothèse sur la transmission chimique de l’influx nerveux, formée dix-sept ans auparavant. » Hypothèse confirmée le lendemain sur un cur de grenouille par le savant, qui reçut en 1936 le prix Nobel.
La solution créative d’un problème est obtenue au terme de quatre phases successives : intense confrontation des éléments du problème entre eux sans aboutissement ; décision de mettre tout cela de côté ; période de latence, sans travail conscient, qui est en fait une phase d’incubation ; irruption brutale de la solution à la conscience, en un flash de créativité, alors que l’individu est en train de rêver ou de laisser son esprit au ralenti.
Grâce à Denise Cai et son équipe (Los Angeles), on comprend mieux le travail du cerveau dans ce processus. Leur étude montre que le sommeil REM accroît la formation de réseaux d’associations ainsi que l’intégration d’informations non encore associées. Le sommeil REM correspond à la phase de sommeil paradoxal, ainsi nommée car le cerveau et les yeux sont le siège d’une activité électrique intense et c’est pendant le sommeil REM que se produisent la majorité des rêves.
Cette mise en évidence, qui confirme une hypothèse posée antérieurement, est réalisée à l’aide d’une méthodologie soigneuse et originale, utilisant le test RAT ou « Remote Associates Test », qui teste les associations non immédiatement implicites.
Cookies, sixteen et heart.
Les auteurs ont inclus 77 sujets. Chaque élément du test comporte un triplet de mots, la tâche consistant à trouver un élément commun s’associant avec chacun d’eux, mais ce n’est pas évident au premier abord. Un exemple : on présente les mots cookies (biscuits), sixteen (seize) et heart (cur) et on demande de rechercher un quatrième mot qui puisse constituer un lien commun avec les trois autres. La solution est sweet (doux), qui peut représenter une qualité des biscuits (association sémantique), former la locution « Sweet sixteen » (une expression anglo-américaine pour parler du seizième anniversaire d'une jeune fille, souvent très fêté ; une association syntaxique) ou le mot sweetheart (amoureux, formation d’un nouveau mot par juxtaposition). Trouver la solution nécessite une pensée créative, car les associations sont de nature différente et éloignées les unes des autres. Dans l’étude, deux tests RAT sont appliqués, un à 9 heures du matin et un à 5 heures du soir. Chacun est suivi d’un test complémentaire d’analogies simples de mots, où parfois le mot attendu au RAT est fourni pour amorcer la solution, mais non explicitement.
On a testé les performances des sujets après divers laps de temps et dans différentes situations : après un petit somme (inférieur à deux heures) avec enregistrement polysomnographique, après un repos sans sommeil (en écoutant de la musique classique) et pendant la journée.
Ainsi globalement, le sommeil REM augmente clairement la résolution créative des problèmes, ce qui n’est pas vrai en période d’éveil ou de sommeil à ondes lentes. Plus précisément, le passage du temps (période d’incubation) améliore l’aptitude à résoudre les problèmes dont les éléments ont été antérieurement posés, indépendamment des conditions de sommeil. Le sommeil augmente la résolution créative de problèmes lorsqu’il y a eu un amorçage antérieur, seulement lorsque les sommes incluent du sommeil REM. Enfin, les auteurs montrent que l’amélioration de la créativité n’est pas le résultat d’une amélioration de la mémorisation.
Proc Natl Acad Sci, édition en ligne.
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