Chez des Parkinsoniens relevant d’une stimulation profonde de leur noyau subthalamique, l’équipe du Pr Azulay s’est intéressée au dépistage des troubles addictifs et au devenir de ces troubles après stimulation. Des résultats concluants qui ouvrent une nouvelle voie de recherche dans les addictions à la cocaïne, chez des patients non Parkinsoniens cette fois.
Deux causes possibles d’excès de comportement motivé
« Ce qui caractérise la maladie de Parkinson est plutôt un déficit de motivation : l’apathie peut d’ailleurs être un mode d’entrée dans la maladie et même, faire partie des signes précédant les signes moteurs de plusieurs années. Cette apathie est liée à un déficit en dopamine dans les circuits non moteurs (circuits méso cortico limbiques). Pour traiter ce type de déficit, notamment chez les patients de moins de 70 ans, ce sont les agonistes dopaminergiques qui sont donnés en première intention. Ces produits sont des mimétiques de la dopamine. Ils ne stimulent pas de façon harmonieuse l’ensemble des récepteurs, mais ont une affinité toute particulière pour les récepteurs D2 et D3, surtout présents au niveau du circuit limbique : ils pourraient ainsi conduire à un excès de comportement motivé avec récompense d’où le risque d’addiction à l’argent, au sexe, à certains aliments, etc. » explique le Pr Azulay. Cet effet est observé chez 20 % des malades, mais il n’a pas forcément de conséquences sur leur vie sociale et familiale. Ce n’est donc qu’en cas de débordement délétère que se pose la question de diminuer ou d’arrêter les agonistes dopaminergiques pour corriger ces addictions indésirables.
Autre modèle d’addiction de la maladie de Parkinson pouvant expliquer un excès de comportement motivé : l’addiction au précurseur de la dopamine (Lévodopa). En effet, son manque se traduit par une véritable douleur morale : c’est le syndrome de dysrégulation dopaminergique, à l’origine d’une surconsommation de médicaments dopaminergiques, comme pour une drogue. Sa fréquence est de l’ordre de 6-7 %, les plus touchés étant des hommes, plutôt jeunes, ayant des antécédents d’addiction ou de dépression.
Effets de la stimulation du noyau subthalamique
Différents modèles d’addiction (cocaïne, alcool, sucre) ont été étudiés chez le rat. Il en ressort que la lésion ou la stimulation à haute fréquence du noyau subthalamique chez l’animal (ce qui revient à inhiber son fonctionnement) permet de réduire ces addictions, à l’exception des addictions alimentaires. Chez des malades du Parkinson ayant une addiction, la stimulation du noyau subthalamique donne des résultats similaires, avec des résultats encore plus probants en cas d’addiction à la lévodopa qu’avec les mimétiques de la dopamine. « L’une des questions qui restent posées, est de savoir si la stimulation du noyau subthalamique a un effet parce que ce noyau fait partie du circuit limbique de récompense ou parce que l’on diminue en parallèle la consommation de médicament » remarque le Pr Azulay.
Toujours est-il que fort de ce résultat, des études vont être lancées par d’autres équipes de recherche, sur l’intérêt de la stimulation du noyau subthalamique comme traitement de l’addiction à la cocaïne, par exemple. « On sort du domaine du traitement du malade du Parkinson. Cependant, même si le champ de la psychochirurgie reste encore très prudent, la modulation du noyau subthalamique pour traiter certains comportements addictifs ou impulsifs très délétères pour le patient, offre une nouvelle voie de recherche intéressante » conclut le Pr Azulay.
D’après un entretien avec le Pr Jean-Philippe Azulay, Institut de Neurosciences de la Timone, Marseille.
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