« L’ÉPILEPSIE du lobe temporal, forme la plus courante chez l’adulte, résiste à tout traitement médicamenteux dans 30 % des cas et s’associe fréquemment à des déficits cognitifs importants », rappelle un communiqué de l’INSERM. Quelle est l’origine de ces troubles associés ? C’est ce qu’a cherché à savoir une équipe de l’unité 751 de l’INSERM « Épilepsie et cognition », en collaboration avec des chercheurs de l’hôpital La Timone et de l’UMR 6146 du CNRS.
Traumatisme crânien, méningite… : l’épilepsie du lobe temporal résulte souvent d’une agression initiale du cerveau, parfois plusieurs années avant l’apparition des crises. Dans cette forme d’épilepsie, il existe fréquemment des troubles associés : troubles de la mémoire et de l’apprentissage, invalidants, dont on ne connaît pas l’origine. Question : les troubles cognitifs précèdent-ils l’épilepsie (ils seraient alors la conséquence de l’agression initiale) ou bien apparaissent-ils une fois l’épilepsie installée ?
Agression initiale du cerveau.
Les modèles animaux d’épilepsie du lobe temporale ont montré qu’une agression initiale du cerveau est à l’origine d’une réorganisation considérable des circuits neuronaux au sein de l’hippocampe, impliquée dans de nombreux processus de mémoire et d’apprentissage, cela bien avant l’apparition de l’épilepsie. « Étant donné que ces circuits neuronaux, qui assurent l’intégrité des fonctions cognitives, sont modifiés de façon précoce, l’équipe de Christophe Bernard a émis l’hypothèse que cette réorganisation pourrait avoir un impact négatif sur les fonctions cognitives, avant les premiers symptômes de la maladie », poursuit le communiqué. Les chercheurs montrent que la mémoire spatiale est fortement affectée immédiatement après l’agression initiale, donc bien avant la survenue de l’épilepsie. De plus, ces déficits n’évoluent plus au cours du temps : il n’y a pas de dégradation supplémentaire de la mémoire spatiale lorsque l’épilepsie apparaît. « Les crises ne sont donc pas responsables de ces déficits cognitifs. »
Dans l’hippocampe, les processus cognitifs dépendent d’une activité électrique du cerveau appelée rythme thêta, dont la fréquence varie de 4 à 12 Hz. Les chercheurs ont implanté des électrodes chez des rats et ont enregistré l’activité électrique de cette zone au cours de tâches faisant appel à la mémoire spatiale, cela juste après l’agression initiale. Résultat : il existe une baisse considérable de cette activité thêta juste après l’agression initiale. Ils montrent que cette baisse de l’activité thêta est proportionnelle au déficit de mémoire spatiale.
Ainsi, il apparaît que l’agression initiale du cerveau, qui aboutira plus tard à l’épilepsie, produit des modifications précoces des réseaux de neurones. Ces modifications vont se traduire par une altération de l’activité rythmique préjudiciable à certaines fonctions cognitives et par un déficit de la mémoire spatiale. Cela est important : cette dissociation dans le temps entre déficits cognitifs et survenue de l’épilepsie suggère que les déficits cognitifs pourraient être pris en charge indépendamment de l’épilepsie elle-même.
La voie d’un traitement préventif.
Par ailleurs, si toutes les personnes victimes d’une agression du cerveau ne seront pas nécessairement atteintes d’épilepsie, la probabilité est chez eux beaucoup plus forte. Identifier précocement les personnes qui sont « sur le chemin de l’épilepsie », un processus qui peut durer des dizaines d’années, permettrait de fournir un traitement préventif, afin de retarder ou bloquer l’apparition de la maladie, précise le communiqué. Pour les chercheurs, « la baisse de l’activité thêta et/ou l’apparition de déficits cognitifs pourraient constituer des marqueurs prédictifs de l’épilepsie du lobe temporal, repérables par des électroencéphalogrammes de contrôle ou par l’étude des performances de mémorisation, une première étape avant d’envisager un traitement préventif des patients à risque. »
Lætitia Chauvière, Nadia Rafrafi, Catherine Thinus-Blanc, Fabrice Bartolomei, Monique Esclapez, Christophe Bernard. The Journal of Neuroscience, 29 avril 2009.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024