« Dans l’imaginaire collectif, les maladies neurocognitives sont des troubles du fonctionnement (langage, mémoire, orientation…). Or le cerveau est un organe qui permet de s’adapter à son environnement. Le 1er signe repérable de ces maladies est donc d’être mal à l’aise dans son environnement, pas d’oublier un rendez-vous », souligne le Dr Roche.
Les modifications comportementales peuvent être négatives (dépression, irritabilité…), ou positives (une anxiété anticipatrice antérieure peut être améliorée par les oublis). Devenir râleur, triste, radin, déprimé ou irritable n’est pas le fait de l’âge, mais peut augurer du début de troubles neurocognitifs. « La dépression tardive est une porte d’entrée classique des troubles neurocognitifs », rappelle le spécialiste. A posteriori repli sur soi, anxiété voire dépression, sont souvent présents des années avant le diagnostic. Quid de l’association entre la prise de benzodiazépines, des années avant une maladie Alzheimer ? « Une association ne fait pas un lien de causalité, note le Dr Roche. Cette consommation peut relever de troubles comportements initiaux de la maladie ».
Gérer les troubles
« Face à tout trouble du comportement aigu ou qui s’aggrave, la démarche clinique est identique. Il faut s’efforcer de trouver la cause. La traiter peut suffire et limitera l’utilisation de psychotropes », insiste le Dr Roche.
Comment procéder ? Si le trouble est aigu, rechercher d’abord une épine irritative somatique (infection, constipation, décompensation somatique, douleur, iatrogénie…). Parallèlement, envisager d’autres causes possibles pouvant favoriser le développement de troubles comportementaux : une modification de l’environnement (changement de lieu de vie, hospitalisation, bruits, inconfort…) ; un épuisement des aidants ; des conséquences de troubles neurocognitifs comme les oublis, la désorientation, l’aphasie qui peuvent être source d’angoisses ; un trouble de personnalité antérieure (méfiante, colérique, impulsive...) que les troubles cognitifs (troubles du jugement, oublis…) peuvent amplifier.
« En Unité Cognitivo-Comportementale, la recherche d’une cause et la prise en charge non médicamenteuse sont privilégiées. L’environnement calme adapté atténue les troubles du comportement à un stade modéré à sévère de la maladie. Par exemple, les chambres individuelles sécurisées par une serrure type hôtel évitent au patient de se tromper de chambre tout en respectant sa liberté de mouvement ». Le personnel est formé aux techniques de réassurance basées sur la connaissance des maladies cognitives et de leurs conséquences comportementales. Il n’interdit pas tout et adopte pour communiquer un discours simplifié adapté aux stades de la maladie. En quelques heures, un ton calme, un environnement paisible, des reformulations, peuvent sans psychotrope apaiser un patient qui avait d’importants troubles du comportement à domicile. L’idée est ensuite de transmettre ce savoir-faire, pour permettre un retour dans le lieu de vie antérieur.
La maladie cognitive impacte les aidants (santé, stress, fatigue, culpabilité). Des aides adaptées et des structures permettent au patient de rester plus longtemps à domicile, sans épuiser l’aidant. En ville, des formations efficaces proposées aux aidants leur permettent d’acquérir les clés de la communication. « Plus ils connaissent la maladie et ses conséquences, moins ils en souffrent, car ils font mieux la part entre les traits de caractère, le vieillissement et la maladie », invite à retenir le Dr Roche.
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