Physiopathologie de l’Alzheimer

Un défaut d’élimination de la protéine bêta-amyloïde

Publié le 13/12/2010
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RANDALL Bateman et coll. (St Louis, États-Unis) ont une réponse à une question essentielle sur la physiopathologie de la maladie d’Alzheimer : l’augmentation cérébrale de protéine bêta-amyloïde, à l’origine des plaques, est elle due à une fabrication en plus grande quantité ou bien existe-t-il un défaut de clairance de cette substance ?

Selon ces auteurs, c’est le deuxième mécanisme qui est en jeu. « Nous avons comparé un groupe de 12 patients présentant des signes d’une maladie d’Alzheimer à un stade précoce à 12 sujets du même âge n’ayant pas d’altération cognitive. » Dans les deux groupes, la production de protéine bêta-amyloïde est équivalente, mais il y a un défaut de clairance à hauteur de 30 % dans le groupe des malades d’Alzheimer.

Les chercheurs ont calculé qu’il faudrait 10 ans avec cette réduction de la clairance pour provoquer une accumulation de bêta-amyloïde équivalente à celle observée dans les cerveaux des malades.

Les auteurs ont utilisé une technique qu’ils ont mise au point et dite « SILK » (stable isotope-linked kinetics), qui leur a permis d’évaluer la production et l’élimination de la protéine bêta.

De la leucine marquée.

On donne aux sujets de la leucine marquée, qui est incorporée au niveau cérébral. On enregistre ensuite la cinétique de la présence de la leucine marquée dans la protéine bêta au niveau du LCR en réalisant des prélèvements à intervalles réguliers.

C’est ainsi que l’on s’est aperçu que les clairances diffèrent sensiblement entre les sujets normaux et les malades. Certains sujets normaux avaient d’ailleurs une élimination ralentie, sans manifester d’altération cognitive. Il est maintenant intéressant de les surveiller pour savoir si ce ralentissement du débarras de la protéine bêta-amyloïde est prédictif d’un diagnostic futur de maladie d’Alzheimer.

« Ces résultats ont des implications importantes à la fois pour le diagnostic et le traitement », expriment les auteurs. Ils s’attachent maintenant à savoir comment la protéine bêta-amyloïde, un sous-produit du métabolisme normal, est débarrassée du cerveau pour être découpée et éliminée.

Ce qui pourrait être essentiel à savoir pour le diagnostic avant l’apparition des symptômes.

On sait que l’une des voies naturelles d’élimination est le LCR. Des travaux ont suggéré qu’une chute des taux de bêta-amyloïde dans le LCR pourrait représenter un présymptôme indicateur d’une maladie d’Alzheimer, suggérant que la protéine bêta reste à l’intérieur du cerveau où elle s’accumule.

Science Express, 9 décembre 2010.

Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8875