La perte des neurones prévenue chez la souris

Un récepteur de la microglie, nouvelle cible dans l’Alzheimer

Publié le 24/03/2010
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Crédit photo : PHANIE

DANS LA MALADIE d’Alzheimer, la microglie (cellules immunes du cerveau) peut avoir un effet bénéfique en sécrétant des facteurs neurotrophiques et en phagocytant l’amyloïde-bêta, mais elle peut avoir aussi un effet neurotoxique. Une équipe apporte un nouvel éclairage sur son rôle neurotoxique.

En utilisant l’imagerie biphotonique in vivo sur un modèle souris de maladie d’Alzheimer, les chercheurs ont découvert que la microglie est impliquée dans l’élimination des neurones. De plus, en inactivant le gène d’un récepteur chimiokine (Cx3cr1) sur la microglie, dont le rôle est crucial dans la communication entre neurone et microglie, les chercheurs ont pu prévenir la perte neuronale. Cela suggère que ce récepteur pourrait offrir une nouvelle cible thérapeutique contre la maladie d’Alzheimer.

« Nous avons pu visualiser, pour la première fois, l’élimination des neurones dans un modèle murin de maladie d’Alzheimer avec une nouvelle technique puissante de microscopie appelée imagerie in vivo biphotonique », explique au « Quotidien » le Dr Jochen Herms (université Ludwig Maximilians a Munich, Allemagne).

« Cette technique nous a permis de suivre la destinée des neurones individuels sur une période d’un mois, en répétant l’imagerie chez les souris vivantes. De plus, nous avons pu observer, en même temps que les neurones, la microglie, c’est-à-dire les cellules immunes du cerveau. Nous avons découvert que ces cellules immunes du cerveau semblent être impliquées dans l’élimination des neurones chez les souris atteintes de maladie d’Alzheimer. » Cela est indiqué par l’augmentation locale du nombre et de la vitesse de migration de la microglie autour des neurones perdus dans la couche III du cortex.

« Plus important encore, nous avons effectué un knock-out du récepteur CX3CR1 à la surface des cellules microgliales. Ce récepteur joue un rôle clé dans la communication entre les neurones et la microglie, via la chimiokine CX3CL1 qui se fixe exclusivement sur le récepteur CX3CR1. En éliminant par knock-out le récepteur, nous avons pu prévenir la perte des neurones. »

Des implications cliniques.

« S’il en va de même chez les humains, interférer avec le récepteur CX3CR1 et son ligand CX3CL1 pourrait représenter une potentielle cible thérapeutique pour la maladie d’Alzheimer, laisse entrevoir le Dr Herms. Notre prochain objectif sera donc de déterminer quels sont les effets des inhibiteurs ou agonistes du couple CX3CR1/CX3CL1 sur l’évolution de la maladie. »

Nature Neuroscience, 21 mars 2010, Fuhrmann et coll., DOI: 10.1038/nn.2511

 Dr VÉRONIQUE NGUYEN

Source : Le Quotidien du Médecin: 8735