LE VIEILLISSEMENT auditif commence dès l’âge de 30 ans mais il ne devient perceptible le plus souvent qu’à partir de 60 ans. Il est variable selon les sujets en fonction du terrain génétique et de divers facteurs d’aggravation, en particulier les traumatismes sonores professionnels ou de loisirs. La perte d’audition liée à l’âge ou presbyacousie porte initialement sur les sons aigus. Le premier signe est la difficulté à comprendre la parole dans le bruit notamment les noms propres pour lesquels il y a peu de possibilité de déduction. Le patient est gêné dans les conversations à plusieurs, en présence d’un fond musical… Certaines personnes se plaignent d’une intolérance aux sons forts, au cinéma, au restaurant. À ce stade, le plus souvent, les patients dénient leur surdité, accusant leur conjoint de leur parler d’une pièce à l’autre, les présentateurs de télévision de ne pas articuler, le son des pubs d’être trop fort… Entre ce premier stade et celui où le patient reconnaît avoir une surdité, il se passe en moyenne 7 ans.
Voix de femme et consonnes sifflantes.
Sur le plan physiopathologique, la presbyacousie touche les cellules sensorielles de l’organe de Corti. La dégénérescence est plus importante à la base de la cochlée d’où la difficulté de percevoir les sons aigus qui se manifeste plus particulièrement par une mauvaise compréhension des voix de femmes et des consonnes sifflantes.
Depuis quelques années, la dimension cognitive de l’audition a fait l’objet de nombreuses études. Il est bien établi aujourd’hui que la surdité joue un rôle dans le déclin cognitif. Une personne de 70 ans malentendante a des résultats aux tests cognitifs équivalents à ceux d’une personne de 77 ans. Préserver l’audition des personnes âgées est ainsi essentiel pour reculer l’âge du déclin cognitif. Le dépistage de la presbyacousie est donc indispensable et il relève du médecin généraliste. Il faut poser systématiquement la question aux patients âgés : « Entendez-vous bien en toutes circonstances et notamment en cas de bruits environnants ? ». Et puisque le trouble de l’audition est souvent dénié, du moins initialement, le médecin doit s’assurer que le patient n’utilise pas de béquilles de compréhension, en particulier la lecture labiale. En cas de suspicion de presbyacousie, le patient sera adressé à un ORL pour établir le diagnostic ou à un audioprothésiste dans une démarche de dépistage. Le test « Hein », par téléphone, évalue la capacité de comprendre la parole dans le bruit (0892 790 791).
Des prothèses chères et mal remboursées.
Le traitement repose sur les prothèses auditives ; elles sont efficaces, sans danger, mais leur coût est élevé et elles sont très mal remboursées. En région parisienne il faut compter environ 1 700 € par appareil et le remboursement par l’Assurance-maladie est de 60 % d’un tarif de base de 199 €. Les mutuelles apportent un complément mais le « reste à charge » pour les patients est souvent très important. Et les prothèses doivent être changées en moyenne tous les quatre à cinq ans. « Depuis de nombreuses années, indique le Pr Frachet, les instances médicales essaient d’obtenir un meilleur remboursement des appareillages auditifs, sans succès à ce jour. En 2030, 23 % de la population aura plus de 65 ans et environ 7 % seront malentendants. Le déclin cognitif dans lequel la surdité joue un rôle certain est un problème économique majeur dans nos sociétés et le sera plus encore dans les années à venir. Ce sont là autant d’éléments qui plaident pour un dépistage précoce de la presbyacousie et pour sa prise en charge par appareillage. Mais comment concilier cet impératif de dépistage avec le remboursement actuellement misérable des prothèses auditives ? »
Pr Bruno Frachet : pas de lien d’intérêt
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024