Il VA FALLOIR, ni plus ni moins, réécrire les ouvrages d’anatomie du cerveau. Si les travaux de Iain DeWitt et Joseph P. Rauschecker (Washington) se confirment, la célèbre aire de Wernicke, zone de la compréhension de la parole, n’est pas là où le neurologue allemand l’a décrite à la fin du XIXe siècle. Elle serait 3 cm plus en avant et de l’autre côté du cortex auditif.
Cette révolution est plus en accord avec les récentes études d’anatomie comparée. En effet, les aires impliquées dans la compréhension d’une forme de langage chez le singe se situent au même niveau.
Pour arriver à cette conclusion les deux neuroscientifiques américains ont disposé d’un outil dont Carl Wernicke n’imaginait probablement pas qu’il existât un jour : le PET scan. Ils eu recours à cette technique d’imagerie fonctionnelle auprès de plus de 100 volontaires. Elle leur a permis de suivre précisément le trajet de l’intégration de la parole au niveau cérébral et comment s’en effectue la discrimination.
La circonvolution temporale supérieure.
Ils ont constaté que l’activation du cortex auditif associée à l’audition de phonèmes (sons courts) se situe toujours dans la partie moyenne de la circonvolution temporale supérieure gauche. L’activation créée par les mots (phonèmes associés en complexes temporaires) se passe toujours dans la partie antérieure de cette circonvolution. Enfin, les chercheurs ont constaté que le secteur allant de la zone moyenne à antérieure de cette même aire est impliqué dans la représentation mentale des formes phonétiques, et qu’il est activé préférentiellement par ces sons, plutôt que par des bruits extérieurs ou créés artificiellement.
Il existe donc un codage croissant, à la fois spécifique et invariable, de la parole dans sa complexité, le long d’un réseau ventral du cortex auditif. Il existe une dissociation des phonèmes, des mots et des phrases. Les éléments phonétiques sont analysés dans la partie moyenne de la circonvolution temporale supérieure gauche. Les mots le sont dans sa partie antérieure. Quant aux phrases, elles le sont dans le sulcus temporal supérieur. Il existe bien une voie de reconnaissance de la parole qui suit un courant ventral dirigé vers l’avant.
Cette découverte expliquent les chercheurs était déjà soupçonnée depuis les années quatre-vingt-dix avec les débuts de l’imagerie fonctionnelle. Mais les chercheurs étaient rebutés par l’idée de bouleverser des notions anatomiques bien fondées au vu d’une imagerie encore balbutiante. Maintenant le doute n’est plus permis.
Proceedings of the National Academy of Sciences, doi/10.1073/pnas.1113427109.
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