Ce sont des unités à mi-chemin entre la réanimation et les services de pédiatrie conventionnels : au cours de six dernières années, 18 unités de surveillance continue pédiatrique (USCP), regroupant 68 à 76 lits, ont été mises en place dans des hôpitaux généraux d’Île-de-France sans réanimation pédiatrique. « Une dynamique est engagée et le bilan est positif. Il existe toutefois une réelle difficulté dans le recrutement de personnel paramédical dans ces unités », indique Éric Lachassinne, référent Pédiatrie à l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France.
Il existe deux types d’USC. Les premières sont celles qui sont situées dans les hôpitaux disposant d’une réanimation. « Il s’agit alors d’unités d’appoint, qui viennent en appui de la réanimation en amont et en aval », précise Éric Lachassinne. Ainsi, les cinq services de réanimation médicale ou médico-chirurgicale pédiatrique d’Île-de-France disposent tous de lits de surveillance continue, à proximité ou au sein même de l’unité. On y recense entre 52 à 58 lits d’USCP.
18 services sur 30
Mais la réglementation permet aussi l’ouverture d’USC dans les hôpitaux ne disposant pas de réanimation. « Aujourd’hui, on dénombre, dans la petite et la grande couronne francilienne, 30 services de pédiatrie générale avec un service d’urgence. Depuis 2014, 18 de ces services ont ouvert une surveillance continue pédiatrique, soit un total de 68 à 76 lits », souligne Éric Lachassinne, en ajoutant que les 12 services franciliens n’ayant pas d’USC fonctionnent en réseaux pour les soins de surveillance continue.
Il est recommandé que les établissements sans réanimation se dotent d’une unité de surveillance continue pédiatrique dès lors qu’ils font face, pour cette activité, à une centaine de patients par an. « En Île-de-France, nous avons fait le choix de mettre en œuvre des critères plus stricts et d’autoriser les USC dans les hôpitaux ayant une forte activité pédiatrique, avec plus de 20 000 passages d’enfants par an aux urgences, ou 15 000 hors traumatologie. Ce qui place ces hôpitaux généraux à un niveau d’activité proche de celui de certains CHU de province », souligne Éric Lachassinne.
L’activité de ces USCP a progressivement, augmenté au rythme des ouvertures successives et des saisons épidémiques. « En 2018, plus de 16 000 séjours médicaux ont été réalisés en USCP dont plus de 7 200 dans des établissements sans réanimation. Dans 50 à 60 % des cas, des séjours concernaient des enfants de moins de 4 ans », explique Éric Lachassinne, en précisant que ces données sont incomplètes en raison d’une grève de codage des actes qui a eu lieu en 2009.
Un travail en réseau
Quel premier bilan peut-on tirer de l’activité de ces USCP ? Pour avoir des éléments de réponse, le collège des pédiatres des CHG d’Île-de-France (COPHI), qui réalisent plus de 60 % des hospitalisations d’enfants au niveau de la région, a réalisé une enquête essentiellement qualitative auprès des responsables d’unités sur la pertinence des USCP et leur mode de fonctionnement. « Le point fondamental du cahier des charges des USCP était la création d’un lien fonctionnel fort entre celle-ci et un service de réanimation pédiatrique, dans le cadre d’un travail en réseau. Aujourd’hui, on constate que l’adossement des USCP aux unités de réanimation référentes s’est plutôt fait sur des logiques de flux de patients et de proximité géographique, ce qui peut provoquer un déséquilibre dans la répartition de la charge de travail par unité de réanimation », indique Éric Lachassinne.
Certains centres hospitaliers ont aussi eu des difficultés, faute de ressources locales, à se conformer au cahier des charges, notamment sur le niveau de compétence du responsable de l’USC ce qui a pu freiner le déploiement sur certains territoires. « La plupart des USC ont pu envoyer du personnel paramédical et médical se former en réanimation et accueillir in situ des formateurs. Ces échanges ont été extrêmement bénéfiques pour les équipes de proximité mais se sont un peu réduits avec le temps », indique Éric Lachassine.
Des difficultés de recrutement
Autre constat : si les établissements accueillant plus de 30 000 enfants par an ont tous pu ouvrir une USC, ce n’est pas toujours à l’année. Et nombre de services qui dépassent 20 000 passages n’ont pas pu ouvrir ce type d’unité. « Il doit être rappelé que l’implantation de beaucoup de ces hôpitaux dans des zones défavorisées, à proximité de populations migrantes et plus vulnérables, accroît le niveau de gravité et donc la charge en soins, ce qui se surajoute au grand nombre de passages aux urgences, souligne Éric Lachassine, en estimant que le bilan est toutefois largement positif. L’ouverture, à terme, de 80 lits d’USCP en Île-de-France nous semble avoir permis une amélioration considérable dans la prise en charge en hospitalisation des enfants malades d’Île-de-France. La création d’un lien fonctionnel entre USC et unités de réanimation pédiatrique (URP) a permis d’améliorer le niveau de formation des équipes médicales et paramédicales des services de pédiatrie de proximité, de partager des protocoles communs, d’améliorer les conditions de transfert des enfants. Ces unités s’avèrent indispensables pour un meilleur maillage de l’offre de soins, elles renforcent le travail réalisé dans ces territoires depuis de nombreuses années ».
Exergue : Les échanges ont permis d’améliorer le niveau de formation des équipes médicales et paramédicales des services de proximité, de partager des protocoles communs et d’améliorer les conditions de transfert des enfants
Entretien avec Éric Lachassinne (ARS Île-de-France) en lien avec les Drs Arnaud Chalvon Demersay et Béatrice Pellegrino (Collège des chefs de service de pédiatrie non universitaire Île-de-France)
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