La rentrée scolaire de septembre 2021 s’est faite dans des conditions très différentes de celle de l’an passé car la quatrième vague s’est produite durant l’été, c’est-à-dire pendant la période de fermeture des écoles. « C’est bien la preuve que l’on n’a pas besoin des écoles pour générer une épidémie », remarque la Pr Gras-Le Guen, cheffe du service des urgences pédiatriques et pédiatrie générale (hôpital mère enfant, CHU Nantes). Mais, comme certains épidémiologistes avaient annoncé, à partir d’algorithmes, un nombre de contaminations considérable en lien avec la reprise de la scolarisation (50 000 nouveaux enfants infectés par jour à partir de la rentrée des classes), l’inquiétude des parents et des enseignants était maximale. « En dépit d’une ambiance crispée autour de cette période, les données dont nous disposons à l’approche des vacances de la Toussaint sont plutôt rassurantes. Nous n’avons pas eu de reprise épidémique (ni chez les enfants, ni chez les adultes). Avec ou sans collectivité, l’épidémie a continué de diminuer », insiste la pédiatre.
Un variant plus contagieux mais qui n’augmente pas la morbimortalité
Alors que les Américains avaient communiqué, fin août, sur l’idée que le variant delta était plus grave chez l’enfant, cela n’a pas été confirmé et la suite s’est avérée rassurante. Le nombre d’enfants admis en réanimation en lien avec ce variant n’a pas augmenté en France. Il s’est d’ailleurs avéré, pour finir, que c’est uniquement dans les régions des États-Unis où les adolescents étaient très peu ou pas vaccinés que le nombre des hospitalisations a augmenté.
En lien avec l’inquiétude ambiante et le plan sanitaire, des fermetures de classes ont été constatées dans notre pays. « Même si elles restent minimes en proportion et que l’immense majorité des enfants a été à l’école, c’est toujours trop pour un virus qui n’est pas plus grave que les précédents variants (ni chez l’enfant, ni chez l’adulte) », souligne la Pr Gras-Le Guen. Ainsi, deux mois après la rentrée, le bilan est très clair : « ni la reprise de la vie en collectivité ni le retour à l’école, n’ont modifié la dynamique de la pandémie. Il n’y a pas eu de reprise épidémique. Les enfants ne font pas plus de forme grave avec le variant delta qu’avec les précédents variants, alors que c’était l’une des principales craintes des parents. Il est seulement plus contagieux. »
Le nombre de Pediatric Inflammatory Multisystem Syndrome (Pims) plus important qui a été observé en septembre, avec une soixantaine d’enfants admis pour cette forme différée d’infection (avec une réaction inflammatoire très forte), correspond à ce qui était attendu après la vague d’août. Ces enfants ont été hospitalisés quelques jours et ont évolué favorablement pour l’immense majorité.
Fin de l’obligation du port des masques en primaire
Dans ce contexte finalement très rassurant (pas de reprise épidémique, pas de forme grave chez l’enfant), il a été décidé de retirer les masques chez les plus jeunes (6-11 ans). Cette mesure qui, en octobre 2020, ne devait durer que quelques semaines, aura duré un an : même si cela n’a pas induit de problème somatique, il faudra être attentif aux possibles répercussions sur l’apprentissage. « Il y en a déjà sur leur santé mentale, avec des centaines d’enfants qui ont afflué dans les hôpitaux pour anxiété, idées noires, pensées suicidaires, dépressions graves, depuis octobre 2020. Cela s’est vu sur l’ensemble du territoire, au point que les services de pédopsychiatrie ont été débordés. Et ce sont les enfants les plus fragiles qui ont été les plus affectés par cette crise, sous l’avalanche de mauvaises nouvelles et l’angoisse palpable des adultes, relate la Pr Gras-Le Guen. Il est regrettable que la gestion de cette pandémie se soit faite sans tenir compte des besoins fondamentaux des enfants qui ont été considérés, par certains décideurs, comme une variable d’ajustement dans cette pandémie. On ne s’est pas vraiment préoccupé de leurs besoins à eux, et ils en ont fait les frais. Un des faits marquants de cette épidémie restera la stigmatisation des enfants, même les plus jeunes qui ont été vus par certains comme une forme de danger potentiel alors qu’ils s’avèrent, a posteriori, très peu impliqués dans la transmission et dans les formes graves de la maladie ».
Exergue : Un des faits marquants de cette épidémie restera la stigmatisation des enfants, vus comme des dangers
Entretien avec la Pr Gras-Le Guen (Nantes)
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