UNE CERTAINE forme de bon sens populaire tendrait à dire que les enfants qui dorment le moins, parce que plus actifs, sont les moins gros. Il n’en est rien, constate une équipe néo-zélandaise. C’est même l’inverse, puisque les chercheurs sous la houlette de Rachael W. Taylor (Dunedin) ont montré une élévation de l’IMC (indice de masse corporelle) chez les petits dormeurs. Un surpoids qui se fait au profit de la masse grasse et non maigre.
Un accéléromètre fixé à la ceinture.
Pour affirmer cette relation, les Néo-Zélandais ont voulu réaliser une étude prêtant au minimum le flanc à la controverse, contrairement à des travaux antérieurs moins rigoureux. Ils ont donc enrôlé 244 enfants (44 % de filles) au sein de la cohorte FLAME (Family Lifestyle, Activity, Movement and Eating). Tous étaient nés entre juillet 2001 et janvier 2002. Le suivi a commencé quand ils ont atteint l’âge de 3 ans. Il a été réalisé tous les six mois jusqu’à l’âge de 7 ans. L’IMC était calculé à chaque reprise. Grâce à des mesures d’impédance bioélectrique et d’absorptiométrie, les masses grasse et maigre ont été estimées. Les périodes d’activité et de sommeil ont été mesurées par l’intermédiaire d’un accéléromètre fixé à la ceinture. Un questionnaire, enfin, relevait les apports alimentaires (fruits et légumes, autres), les heures passées devant la télévision et des facteurs familiaux (IMC et niveau scolaire maternels, poids de naissance, tabagisme au cours de la grossesse).
La prise en compte de ces multiples éléments environnementaux permet aux auteurs de calculer que chaque heure de sommeil supplémentaire, la nuit, entre 3 et 5 ans, provoque une baisse de l’IMC de 0,48 et du risque de surcharge pondérale de 0,39 à l’âge de 7 ans. « Chez un enfant de taille moyenne, cela correspond à une différence de poids de 700 g. Si cela peut sembler faible au niveau individuel, les bénéfices en santé publique, au niveau de la population sont considérables », expliquent les chercheurs. Ils ajoutent, en effet, qu’« une réduction de 61 % du risque de surpoids ou d’obésité à 7 ans, pour chaque heure de sommeil supplémentaire ». En outre ces différences de poids se font au profit de dépôts de graisse, tandis que la masse maigre varie peu. Pour chaque heure de sommeil gagnée, l’indice de masse grasse chute de 0,43, alors que celui de la masse maigre ne s’abaisse que de 0,21.
En fonction de facteurs de confusion.
Selon les chercheurs, ce travail comporte de nombreux points forts. Ils évoquent la durée raisonnable du suivi, la mesure objective des temps de sommeil et d’activité (grâce à l’accéléromètre porté par séquences de 5 jours), les mesures itératives des diverses variables et, enfin, l’ajustement des résultats en fonction de facteurs possibles de confusion.
Ils admettent aussi deux limites à leurs résultats. Tout d’abord l’échantillon de population apparaît relativement faible, ensuite le positionnement des accéléromètres. De fait, dans les mesures des périodes de veille-sommeil, il est conseillé de le fixer au poignet ou à la cheville et non à la taille. Cependant ils ne croient guère que cela ait pu influer sur leurs résultats dans la mesure où cet emplacement est resté constant tout au long de l’étude.
Reste à comprendre pourquoi la masse grasse s’élève. Les mécanismes de l’« obésogenèse » suggérés se fondent sur le comportement et les hormones. Un enfant qui dort moins risque de s’alimenter davantage, notamment par grignotage, sans éprouver réellement de faim. Il peut également avoir davantage de temps à passer à table. Moins dormir, c’est aussi dépenser davantage d’énergie, donc être fatigué, ce qui peut conduire à une réduction secondaire de la dépense physique. Quant à l’hypothèse hormonale elle se fonde sur des travaux chez l’animal. La privation de sommeil conduit à une baisse de la leptine et une élévation de la ghréline, qui de pair majorent l’appétit.
La conclusion porte bien sûr sur la nécessaire incitation des enfants à dormir leur soûl. Et sur des recherches orientées vers une réduction pondérale via des périodes de sommeil normalisées.
British Medical Journal, édition avancée en ligne, doi:10.1136/bmj.d2712.
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