Alors qu'une centaine de cas d'hépatite pédiatrique d'origine inexpliquée ont été rapportés dans le monde ces dernières semaines,les centres américains pour le contrôle des maladies (CDC) privilégient la piste d'un adénovirus pour expliquer ces sévères inflammations du foie, sans toutefois l'établir comme cause définitive. « À l’heure actuelle nous pensons qu'un adénovirus pourrait être la cause de ces cas, mais d'autres facteurs environnementaux sont toujours étudiés », écrivent les CDC.
Plus précisément, les CDC pointent du doigt l'adénovirus 41F, jusqu'ici davantage connu pour provoquer de sévères gastro-entérites. Les adénovirus sont bien identifiés comme des causes d'hépatites, mais jusqu'ici seulement chez des enfants immunodéprimés. Les chercheurs de l'agence s'appuient en particulier sur l'analyse de neuf cas identifiés en Alabama entre octobre 2021 et février 2022, dont deux enfants ayant dû subir une greffe de foie, actuellement tous guéris ou en rémission.
Sur les neuf jeunes, cinq cas ont pu être analysés en laboratoire, et l'adénovirus 41F a été systématiquement détecté. Par ailleurs, tous les cas analysés ont tous été testés positif au virus d'Epstein-Barr, mais ils « n'avaient pas d'anticorps, ce qui implique une infection passée, n'étant plus active », a écrit l'agence américaine. Les CDC ont par ailleurs exclu plusieurs autres causes, notamment l'infection au Covid-19 et les virus des hépatites A, B et C.
Des cas sont également en cours d'étude dans d'autres États américains. Les autorités sanitaires du Wisconsin ont annoncé passer en revue quatre cas possibles chez des enfants, dont un décès.
Pour sa part, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) reste prudente. Dans sa dernière prise de position sur le sujet, elle souligne que si l'adénovirus a été retrouvé chez au moins 74 des 169 cas d'hépatite pédiatrique d'origine inexpliquée alors enregistrés, rien ne permet d'affirmer qu'il s'agit bien de l'agent causal. L'OMS n'exclut d'ailleurs pas une synergie entre un adénovirus et le Sars-CoV-2.
Une surreprésentation du virus confirmée en Europe
De son côté, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) constate également que la majorité des cas anglais et écossais étaient positifs pour un adénovirus (75,5 %) et/ou le Sars-CoV-2 (50 %). Tous ceux qui ont pu être analysés étaient de type 41F. Les informations concernant la recherche de virus dans les pays de l'Union européenne étaient, à la date du 28 avril, indisponibles. « D'autres adénovirus ont été détectés dans des échantillons non sanguins du Royaume-Uni, poursuit l'ECDC. Ces deux dernières années, un excédent statistique des cas d'infection pédiatriques à différents virus a été constaté récemment au Royaume-Uni, comparativement aux années précédentes. Cela concerne aussi les adénovirus détectés dans les prélèvements fécaux d'enfants âgés de 1 à 4 ans. »
Des questionnaires distribués aux parents des patients britanniques et écossais n'ont pas permis de déterminer une exposition commune à un aliment, un médicament ou un produit quelconque qui pourrait soutenir une origine toxique. Il n'y avait pas non plus de cluster de cas, en dehors de deux pairs de cas en Écosse.
« Sur la base de ces investigations, l'hypothèse privilégiée est l'existence d'un cofacteur affectant les jeunes enfants touchés par une infection à adénovirus, en déduit l'ECDC. Une telle infection devrait, normalement, être bénigne. Un cofacteur pourrait être à l'origine d'un épisode plus sévère ou de lésions hépatiques liées à la réponse immunitaire. » Le Sars-CoV-2 figure sur la liste des cofacteurs envisagés par l'ECDC qui insiste sur le fait que ces hépatites aiguës restent rares et qu'il n'existe pas de preuve claire d'une possible transmission interhumaine.
Un nombre de cas sous-estimé
Au 27 avril 2022, l'ECDC recensait 188 cas, dont 111 au Royaume Uni, 55 dans l'Union européenne et 12 en Israël. Dans 17 cas, soit 9 % des cas, une transplantation hépatique a été nécessaire. On dénombre également un décès. Une dizaine de cas suspects ont également été rapportés aux États-Unis, de même qu'un autre au Japon. Selon l'OMS, la France comptait deux cas en date du 23 avril.
Les symptômes décrits par les autorités sanitaires sont des fièvres, une urine foncée, une jaunisse, des selles décolorées. Ces cas sont toujours précédés de douleurs abdominales, de vomissements et de diarrhées. La quasi-totalité des enfants n'étant pas vaccinés contre le Covid, le rôle de la vaccination est à exclure.
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