La thérapie familiale est l’implication, lorsqu’un membre de la famille est malade, de l’ensemble de son système environnant. En pédiatrie ou en pédopsychiatrie, cela signifie inclure les personnes qui vivent avec l’enfant dans toutes les étapes des soins.
La thérapie familiale repose sur trois postulats : les membres de la famille sont les acteurs présents au quotidien avec l’enfant. Ce sont donc des partenaires essentiels ; la maladie peut envahir la vie familiale, mettant sur pause les autres domaines de la vie familiale. L’identité familiale s’organise alors autour de la maladie ; enfin, l’existence, au sein de la famille, d’un trouble touchant l’un de ses membres induit des schémas relationnels pouvant aboutir à des impasses et des réponses familiales inadaptées.
La thérapie familiale n’a pas comme objectif de soigner la famille mais de travailler sur la place des symptômes au sein de celle-ci et sur les fonctions prises par chacun des membres du système familial.
Des dispositifs variés
Parmi les thérapies familiales, la thérapie multifamiliale (TMF) a comme principe de rassembler plusieurs familles (environ six ou sept) qui rencontrent une problématique identique. Le dispositif est très variable en fonction des pathologies, allant de protocoles proposant une ou plusieurs séances de trois heures, à des dispositifs intégrés en hôpital de jour ou en hospitalisation temps plein.
Les objectifs de la TMF sont de lutter contre l’isolement social et la stigmatisation, en permettant un sentiment d’appartenance, une solidarité ; d’informer sur la maladie, d’aider à mieux la gérer (psychoéducation), d’aider la famille à retrouver confiance dans ses propres capacités et compétences, mises à rude épreuve par la maladie et ses conséquences ; de reconnaître l’incidence des symptômes sur les relations, et notamment sur les difficultés d’accord dans le coparentage ; de s’occuper de la fratrie (travail de prévention des conséquences psychologiques sur les frères et sœurs, partenaires souvent oubliés à tort) ; d’apprendre les uns des autres, de se voir dans ce que font les autres.
La TMF permet de déculpabiliser les familles, crée une relation nouvelle avec les services de soins, tout en étant synergique avec les autres dispositifs (1).
À la Maison des adolescents de l’hôpital Cochin, sont proposés des dispositifs de TMF pour les familles d’adolescents présentant un trouble du comportement alimentaire, mais aussi des phobies scolaires. Sont aussi en projet des groupes de TMF pour les adolescents en surpoids et leurs familles, ainsi que pour les adolescents diabétiques et leurs familles.
Un bénéfice indiscutable
Les thérapies familiales et multifamiliales ont montré leur efficacité aussi bien dans des contextes de troubles psychiatriques (de l’adulte et de l’enfant) que de maladies somatiques chroniques chez l’enfant et l’adolescent : douleurs chroniques, diabète, asthme, cancers, maladies génétiques (2,3).
Concernant les pathologies chroniques de l’enfant, la TMF a montré son efficacité sur les symptômes de stress post-traumatique et le stress familial, l’observance aux soins, les stratégies familiales de gestion de la maladie, la qualité de vie et la reconstruction du réseau social (4).
Mettre le travail avec les familles au cœur du projet thérapeutique repose sur la conviction que les familles sont la solution et non le problème et qu’elles sont un facteur important de guérison. L’implication systématique de toutes les familles, y compris des fratries, peut sembler en premier lieu coûteux en temps, en moyens, en énergie. Pourtant le bénéfice à court, moyen et long terme est indiscutable. Les dispositifs doivent être souples et à géométrie variable et s’adapter à la réalité des différentes prises en charge. La TMF est en cela un dispositif prometteur, particulièrement pertinent pour permettre aux familles de nous aider à mieux soigner nos patients.
Exergue : « Mettre le travail avec les familles au cœur du projet thérapeutique repose sur la conviction que les familles sont la solution et non le problème »
PH Pédopsychiatre, Maison des adolescents, Hôpital Cochin, Paris (1) Asen E, Scholtz M et al. Multi-Family Therapy: Concepts and Techniques. 2010. Ed. Routledge, 184 p. (2) Retzlaff R et al. The efficacy of systemic therapy for internalizing and other disorders of childhood and adolescence: a systematic review of 38 randomized trials. Family Process. 2013;52:619-52 (3) Steinglass P, Gonzalez S. The role of multiple family groups in the treatment of chronic medical illness, p247-76 in Cook-Darzens S Thérapies multifamiliales: des groupes comme agents thérapeutiques. 2007. Ed Eres (4) Cook-Darzens S et al. Evidence base for Multiple Family Therapy in non-psychiatric conditions and problems : a review (p. 2). J Fam Therap. 2017. doi: 10.1111/1467-6427.12177
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