« En 1992, la médecine occidentale a décidé d’abandonner l’expérience mortifère du coucher sur le ventre qui avait entraîné une surmortalité dramatique. À ce "safe to sleep" qui a permis de diminuer de manière drastique la mort subite du nourrisson, succéda en 1996 le "back to sleep" : tous les enfants doivent dormir sur le dos, toujours et dès la naissance », rappelle le Dr Thierry Marck, pédiatre à Paris, co-Auteur de « Mon bébé n’aura pas la tête plate » (Albin Michel, 2015).
Cette position dorsale a une conséquence immédiate : le crâne du nourrisson, très malléable, s’aplatit dans sa partie postérieure.
Deux types de déformations
« Depuis 20 ans, les consultations médicales sont encombrées par des parents inquiets d’assister à la survenue de ces déformations crâniennes positionnelles », ajoute le Dr Marck. En effet, le crâne, rond à la naissance, s’aplatit doucement mais sûrement lorsque le tout-petit dort sur le dos. D'après une étude canadienne, 46 % des enfants seraient concernés mais en réalité, peu de bébés en réchappent. « Surtout si les parents cèdent aux sirènes des produits de puériculture venant les aider à « bien maintenir bébé sur le dos », note le Dr Marck. Le crâne du tout-petit peut subir deux formes de déformations : soit l’aplatissement de tout l’arrière crâne (brachycéphalie) soit, si l’enfant présente un torticolis, l'aplatissement sur un côté de l’arrière-crâne (plagiocéphalie). « Il faut s’en occuper et ne pas traiter ces déformations à la légère. Et certainement pas se persuader ni dire aux parents que "cela s’en ira tout seul" ou que les "cheveux vont tout cacher" », alerte le Dr Marck. Si la brachycéphalie entraîne une séquelle esthétique pouvant être source d'un handicap social futur, la plagiocéphalie entraîne d’autres problèmes biomécaniques : asymétrie maxillo-dentaire et risque de scoliose. « Quant au cerveau, lui-même décalé vers la droite ou la gauche, ce n’est pas l’assurance future d’une bonne efficacité des circuits neurologiques dans les domaines de l’apprentissage », confie le Dr Marck.
Du cale-bébé à l'orthèse
Dès que la déformation est détectée, il faut donc s’en occuper, avant que celle-ci ne soit fixée (vers cinq mois). « Le maître mot du traitement c’est le cerveau. C’est lui et lui seul qui est capable de corriger la déformation. Si on lève le barrage positionnel, le cerveau ira "pousser" le crâne dans la bonne direction car il est programmé pour donner deux hémisphères de forme identique au milieu d’un crâne prédéterminé dans sa forme », affirme le Dr Marck. Avant quatre mois, le cale-bébé est efficace pour placer l’enfant - au moins dans la journée - du côté opposé à la platitude. Dans le cas d’une plagiocéphalie, les parents doivent laisser l'enfant du seul côté opposé à la platitude et en cas de brachycéphalie, en alternance droite/gauche. La kinésithérapie et l'ostéopathie sont, par ailleurs, très utiles pour lever les tensions musculaires cervicales, mais elles doivent être associées au positionnement latéralisé. Après cinq mois, si la déformation (mesurée par le médecin) reste importante, le positionnement latéralisé n’est plus indiqué : il se pose, alors, la question du port d’une orthèse pendant 3 mois environ. À cet âge, la déformation est fixée, elle ne peut plus s’aggraver mais ne peut plus se réparer non plus sans aide. « La grande majorité des neuro chirurgiens pédiatriques, (Français et étrangers) savent et disent qu’une déformation importante ne se réparera pas. Ils utilisent l’orthèse crânienne, très bien tolérée par l’enfant, pour venir reformer un crâne et éviter toute perte de chance à l’enfant. Nous attendrons que cette orthèse soit remboursée comme au Canada. Car on le sait : "Primum, non nocere !" », conclut le Dr Marck.
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