Après les bons résultats chez les 5-17 mois publiés en 2011, l’étude de phase III testant le vaccin antipalustre RTS,S vient de rendre compte d’une efficacité moindre à 1 an chez les nourrissons de 6-12 semaines. Le vaccin permettrait d’éviter un tiers des accès palustres (31 % des accès cliniques simples et 37 % des accès graves) par rapport à plus de la moitié (respectivement 56 et 47 %) chez les plus grands âgés de 5-17 mois.
Ces derniers résultats présentés lors de l’International African Vaccinology Conference à Cap Town s’avèrent donc décevants. Mais cela ne signifie pas pour autant que ce vaccin ciblant une protéine du circumsporozoïte est enterré. « L’efficacité s’avère plus faible que ce que nous espérions, a déclaré à ce sujet Bill Gates, qui a largement participé au financement via la Fondation Bill et Melinda Gates. (...) L’essai se poursuit et nous sommes impatients de disposer de données supplémentaires pour savoir si l’on peut utiliser ce vaccin et comment ». Les chercheurs travaillent d’ores et déjà à en comprendre les raisons pour en améliorer l’utilisation.
Bien toléré chez les petits bébés
Onze centres de recherche africains situés dans 7 pays différents ont mené l’essai, en collaboration avec les laboratoires GSK et le PATH Malaria Vaccine Initiative (MVI). Dans cette étude de phase III, le vaccin antipalustre était administré dans le cadre du programme vaccinal de l’OMS, l’EPI (en anglais pour Expanded Program on Immunization). Les 6 537 enfants âgés de 6-12 semaines inclus recevaient trois doses du vaccin RTS,S ou du vaccin comparateur, ici le vaccin antiméningocoque C, en co-administration avec le vaccin pentavalent (DTP, hépatite B, Hemophilus influenzae).
Le vaccin s’est avéré bien toléré chez les petits bébés, avec un taux d’effet indésirable comparable avec le groupe contrôle. Les effets indésirables les plus fréquents étaient les réactions locales au site d’injection et la fièvre. Onze cas de méningite ont été rapportés, 9 dans le groupe RTS,S et 2 dans le groupe contrôle.
Pourquoi une efficacité moindre
Les chercheurs se sont d’ores et déjà attelés à comprendre les raisons de la moindre efficacité entre les différentes catégories d’âge. Plusieurs hypothèses sont avancées. Parmi elles, citons l’immaturité du système immunitaire chez les nouveau-nés, une possible interférence avec les anticorps maternels, la part relative à l’interférence avec les vaccins standards (EPI) et une exposition antérieure au paludisme limitée, puisque le vaccin pourrait agir en « booster » et nécessiter ainsi une primo-infection. Si le vaccin n’est pas prêt pour une utilisation en routine, les auteurs se disent « convaincus que le RTS,S a un rôle à jouer dans la lutte contre le paludisme ». D’autres vaccins anti-palustres prometteurs sont en cours de développement, comme le FMP2.1 et le MSP3.
The New England Journal of Medicine, publié en ligne le 9 novembre 2012.
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