L’échec scolaire est plurifactoriel, que l’enfant soit empêché d’apprendre ou qu’il connaisse d’emblée des troubles d’apprentissage. « Il est essentiel pour les professionnels de santé de différentier les retards d’apprentissage – qui correspondent à un décalage dans le temps et ne sont pas pathologiques – des troubles de l’apprentissage, plus pathologiques, avec tous ces profils bien spécifiques de type “dys“ », insiste Vincent Lodenos, enseignant spécialisé au Centre de référence des troubles d’apprentissage (CRTA), CHU de Nantes.
En France, le problème est que, depuis plusieurs années, on assiste à une « pathologisation » de la difficulté scolaire, avec des réponses qui ne sont pas toujours adaptées. On s’est cantonné dans une approche très rééducative de la difficulté scolaire, dont on sait maintenant qu’elle nécessite en premier lieu une approche pédagogique, parfois à compléter de prises en charge rééducatives.
Pour les enfants qui souffrent d’un retard d’apprentissage, la première réponse se trouve en effet dans le milieu scolaire, mais peut trouver un appui dans le champ rééducatif. Dans les troubles d’apprentissage en revanche, l’approche est différente, et les médecins jouent un rôle capital, non seulement pour le repérage et le diagnostic mais aussi pour leur prise en charge, en tant que coordinateur entre les différents professionnels (psychomotricien, orthophoniste, ergothérapeute) qui vont participer à la prise en charge de ces troubles « dys ». En fonction des conséquences dans la vie quotidienne de l’enfant et son bien-être il doit parfois proposer un accompagnement psychologique auprès de l’enfant ou de sa famille.
Un parcours de soins encore en construction
Le rapport de l’HAS réactualisé en décembre 2017 (1) sur la prise en charge des troubles d’apprentissage définit le champ d’action du pédiatre et du médecin généraliste, en termes de repérage, de diagnostic et de parcours de soins.
Le parcours de soins pour les enfants chez lesquels on suspecte un trouble d’apprentissage a été bien défini : le repérage du niveau 1 peut être fait par le médecin traitant pour diagnostiquer les symptômes les plus simples (dyslexie, dysorthographie, etc.). S’ils sont en difficulté, ils peuvent demander un repérage du niveau 2, avec un bilan complémentaire et l’avis d’un médecin et d’une équipe spécialisés. Lorsque la situation est complexe, avec par exemple des troubles à la fois du comportement et de l’apprentissage dont il est difficile de savoir celui qui est à l’origine des problèmes, on se tourne vers une expertise de niveau 3, dans des centres de référence, comme les Centre de référence des troubles d’apprentissage (CTRA).
Articuler scolaire, thérapeutique et soin
En pratique, la situation n’est pas aussi simple. Les délais d’attente dans les centres de référence sont très longs, car le manque de ressources rend difficile la structuration des niveaux 1 ou 2. Il est souvent difficile pour les médecins traitantsde s’engager dans la prise en charge de ces troubles d’apprentissage. Ils ne se sentent pas toujours bien formés au repérage de ces situations et à leur accompagnement adapté, qui nécessitent des consultations longues. Les enseignants, non plus, ne sont pas bien formés et, surtout, il manque une interface entre école, médecins, paramédicaux et famille. Et la carence en médecins scolaires ne facilite pas la tâche !
Pourtant, on sait qu’une prise en charge réussie passe par une bonne articulation entre le scolaire, le thérapeutique et le soin. Il faut s’interroger sur les moyens accordés à la formation et à la participation, et travailler sur la prise en charge des consultations longues et des divers bilans par l’Assurance-Maladie pour mieux structurer et améliorer le parcours de soins. Une experience est mise en place en ce sens, avec la création des plates formes Troubles de neurodéveloppement (TND).
Exergue : Il est souvent difficile pour les médecins traitants de s’engager dans une prise en charge à laquelle ils ne se sentent pas bien formés, avec des consultations longues
Entretien avec Vincent Lodenos (Nantes) (1) HAS, déc 2017. Comment améliorer le parcours de santé d’un enfant avec troubles spécifiques du langage et des apprentissages ?
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