DE NOTRE CORRESPONDANTE
L’HYDROCÉPHALIE fœtale, caractérisée par l’accumulation de liquide céphalo-rachidien (LCR) dans les ventricules cérébraux, une augmentation du volume de la tête et une dysfonction neurologique, est l’un des troubles neurologiques les plus fréquents du nouveau-né (un nouveau-né sur 1 500). Bien que cette affection soit d’étiologie incertaine, une hémorragie intracrânienne prénatale semble être un facteur de risque important.
Le seul traitement actuel est un drainage chirurgical du LCR vers un site de résorption (comme la cavité abdominale), ce qui soulage la pression intracrânienne mais ne cible pas la cause fondamentale du trouble.
Voici un progrès : une équipe du Scripps Research Institute en Californie a découvert qu’un lipide présent dans le sang et dans le cortex cérébral en développement, appelé acide lysophosphatidique (LPA), peut déclencher l’hydrocéphalie fœtale associée à l’hémorragie.
Désorganisation et amincissement des couches corticales.
Yung et coll. ont exposé le cortex cérébral de souris embryonnaires (13 jours de gestation) à différents composants sanguins (plasma, sérum, globules rouges, LPA) injectés par voie intraventriculaire ; résultat, l’hydrocéphalie fœtale est invariablement induite par l’injection de LPA, de sérum ou de plasma, et dépend de l’expression du récepteur LPA1 par les progéniteurs neuraux.
De façon importante, le développement de l’hydrocéphalie fœtale et des anomalies cellulaires associées est presque complètement prévenu par la délétion génétique du récepteur LPA1 (souris KO) ou par son inhibition pharmacologique via un antagoniste du récepteur LPA1 administré en intraventriculaire juste avant l’injection de LPA ou de plasma dans le cerveau des souris fœtales.
Les chercheurs proposent donc qu’une hémorragie intracrânienne dans le cerveau en développement entraîne des concentrations anormalement élevées de LPA qui suractivent les récepteurs LPA sur les progéniteurs neuraux. Ceci active alors des signaux intracellulaires produisant une désorganisation et un amincissement des couches corticales, ce qui aboutit finalement à l’hydrocéphalie fœtale.
Cette découverte procure de nouvelles pistes thérapeutiques pour développer des médicaments aptes à prévenir ou atténuer ce trouble neurologique sévère du nouveau-né.
Comme l’explique au « Quotidien » le Dr Jerold Chun qui a dirigé cette recherche, les récepteurs du LPA appartiennent à la famille des récepteurs couplés aux protéines G (GPCR), une famille ciblée par 40 % des médicaments humains. « Il existe donc une réelle possibilité de produire des médicaments qui ciblent les récepteurs LPA afin d’inhiber cette voie. »
Autisme, schizophrénie, épilepsie.
Les chercheurs envisagent maintenant d’étudier le LCR des patients affectés d’hydrocéphalie fœtale, ainsi que le cerveau des patients décédés, afin de confirmer les liens entre le modèle animal et l’hydrocéphalie fœtale humaine. Ils essaient aussi de voir s’il est possible d’interrompre plus tard la maladie (effet thérapeutique).
Par ailleurs, ajoute le Dr Chun, « l’idée selon laquelle un flot de LPA peut altérer la physiologie et le destin des progéniteurs neuraux, entraînant toute une série de séquelles cérébrales tardives, pourrait également s’appliquer à d’autres maladies majeures qui ont été liées à une hémorragie fœtale, comme l’autisme, la schizophrénie et les épilepsies ».
« L’hydrocéphalie fœtale pourrait donc représenter un bout du spectre des maladies qui sont induites par des mécanismes LPA. De façon intéressante, l’hypoxie (associée à une perturbation du flux sanguin, comme au cours d’une hémorragie) produit des effets très similaires sur le cerveau fœtal, par le biais des récepteurs LPA, en augmentant la sensibilité des récepteurs LPA. »
Science Translational Medicine, 7 septembre 2011, Yung et coll.
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