Actuellement, deux trithérapies fixes inhalées associant corticoïde/Laba/Lama sont utilisées dans la BPCO : l’association fluticasone furoate/umeclidinium/vilanterol (FF/UMEC/VI, Trelegy/Elebrato, GlaxoSmithKline) à raison d’une prise par jour et l’association budesonide/glycopyrrolate/formoterol fumarate (BU/GLY/Form, Trixeo, Astra Zeneca), à raison de deux prises par jour. Ces trithérapies, qui ont montré leur supériorité sur les bithérapies, sont toutes deux agréées dans la BPCO modérée à sévère mal contrôlée sous bithérapie (corticostéroïde/Laba ou Laba/Lama). Mais sont-elles équivalentes ? On ne disposait jusqu’ici d’aucune étude comparative et les données disponibles étaient peu concluantes. Aujourd’hui, deux études d’observation américaines dans la vraie vie plaident une petite supériorité pour l’association FF/UMEC/VI (Trelegy/Elebrato), en termes d’exacerbations modérées à sévères (1). La seconde étude plaidant même un léger avantage en termes de mortalité, ce qui n’est pas surprenant si l’on considère que les exacerbations augmentent per se le risque de décès dans l’année (2). Et ce, chez des patients nouvellement traités par trithérapie. Une bonne nouvelle sur le versant écologique, puisque l’association FF/UMEC/VI (Trelegy/Elebrato) est délivrée sous forme d’inhalateur à poudre sèche, quand l’association BU/GLY/Form se présente en aérosol pressurisé.
Des données commerciales rassemblant près de 40 800 patients
La première étude est fondée sur les données recueillies par les laboratoires pharmaceutiques auprès de patients nouvellement mis entre 2021 et 2023 sous FF/UMEC/VI (20 400 patients) ou BU/GLY/Form (20 400 patients), appariés sur des scores de propensité (1).
Dans cette cohorte rétrospective, le groupe sous BU/GLY/Form a fait significativement plus d’exacerbations modérées à sévères que le groupe sous FF/UMEC/VI : RR = 1,09 [1,04-1,14]. On a un excès significatif, de 7 %, d’exacerbations modérées (RR = 1,07 [1,02-1,12]) et de 29 % des exacerbations sévères (RR = 1,29 [1,12-1,48]). En revanche, on n’observe pas de différence significative, en termes d’hospitalisations, entre les deux groupes.
Des données issues de Medicare portant sur 44 000 patients
La seconde étude est fondée sur les données recueillies par Medicare auprès de 32 000 patients sous FF/UMEC/VI, plus 12 000 patients appariés (scores de propensité) sous BU/GLY/Form (2). Dans cette seconde cohorte rétrospective, le groupe sous FF/UMEC/VI a un taux significativement plus bas, de 12 %, d’exacerbations modérées à sévères annuelles que le groupe sous FF/UMEC/VI. Cette baisse du taux d’exacerbations est essentiellement portée par les exacerbations modérées. S’y ajoute une réduction significative de 11 % de la mortalité totale à un an.
Implications cliniques
Les résultats convergents de ces deux études d’observation, couplés à l’avantage « climatique » des inhalateurs à poudre sèche sur les aérosols devraient donner à réfléchir aux cliniciens. Ils pourraient, à l’avenir inciter à moduler les recommandations de prise en charge par trithérapie de la BPCO quand elle est indiquée.
(1) WB Feldman et al. Comparative effectiveness and safety of single inhaler triple therapies for chronic obstructive pulmonary disease : new user cohort study. BMJ 2024;387:e080409
(2) D Mannino et al. Comparative Effectiveness of Fluticasone Furoate/ Umeclidinium/Vilanterol and Budesonide/Glycopyrrolate/Formoterol Fumarate among US Patients with Chronic Obstructive Pulmonary Disease. Adv Ther 2024 ; doi.org/10.1007/s12325-024-03088-1
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