La consultation de sevrage tabagique concerne tous les patients fumeurs, y compris ceux qui ne sont pas décidés à arrêter de fumer.
« Nous voyons souvent en consultation des patients qui nous sont adressés par leur chirurgien, anesthésiste, diabétologue ou cardiologue. Ils nous disent qu'ils viennent "pour faire plaisir à leur médecin", souligne le Dr Anne-Laurence Le Faou, présidente de la Société francophone de tabacologie. Ils ne sont pas toujours motivés pour arrêter le tabac et ils pensent souvent que le sevrage tabagique est quelque chose d'insurmontable. Notre rôle est de dédramatiser le sevrage, de balayer les idées reçues et de leur indiquer que toute personne, quel que soit son état de santé, peut arrêter de fumer. »
Préparer le premier rendez-vous
La consultation de sevrage tabagique s'appuie sur le dossier national de dépendance tabagique. Ce dossier type - disponible sous forme papier sur l'ensemble de la France - permet au médecin et au patient de préparer la première consultation. Il comporte notamment des questions sur la façon dont le fumeur perçoit sa motivation, la date d'entrée dans le tabagisme, ses éventuelles tentatives antérieures d'arrêt du tabac, son niveau de dépendance physique, les situations qui favorisent son tabagisme, les éventuelles comorbidités.
« Le fait de répondre à ces questions aide le patient à réfléchir à son comportement tabagique. Nous lui conseillons de compléter l'ensemble du dossier mais nous n'avons pas le temps d'aborder l'ensemble des questions dès la première consultation », note le Dr Le Faou. Chaque consultation ayant une durée limitée (15 minutes, en moyenne, en France), elle ne peut servir qu'à aborder un ou plusieurs thèmes en particulier : par exemple, la gestion du stress liée au sevrage, la façon d'affronter les tâches du quotidien sans fumer, les éventuels problèmes de santé causés par le tabac…
L’indispensable suivi du patient…
La première consultation de sevrage doit être la plus longue (entre 30 minutes et 1 heure). « Néanmoins, si le médecin a du mal à accorder ce temps à son patient, il est préférable qu'il lui consacre 15 minutes régulièrement plutôt que 30 minutes une seule fois, sans réel suivi derrière », affirme le Dr Le Faou. En effet, le suivi du patient est le facteur clé de la réussite du sevrage tabagique. Car c'est au cours de ce suivi qu'apparaissent les premiers signes désagréables liés au sevrage (troubles du sommeil, prise de poids, anxiété…). Des symptômes qui doivent être pris en charge par le médecin.
Un traitement médicamenteux avec quelques premiers conseils comportementaux accompagnés de la définition d’un objectif acceptable pour le fumeur peuvent être envisagés dès la première consultation tabacologique. « Le médecin doit adopter une démarche éducative pour s'adapter à chacun de ses patients, à leurs souhaits respectifs, mais aussi, prendre en considération l’existence de co-addictions (alcool, cannabis…) car celles-ci vont rendre la démarche de sevrage plus longue », précise le Dr Le Faou. La fréquence des premières consultations tabacologiques doit être soutenue (une consultation par semaine pendant un mois ou au moins trois le premier mois). Cela permet de répondre aux questions et aux préoccupations du patient, mais aussi, de choisir le bon traitement médicamenteux et d'adapter la posologie au fur et à mesure des consultations, voire de changer le traitement.
…mené par différents professionnels de santé
Dans un deuxième temps, les consultations peuvent être espacées selon les besoins du patient. Le traitement médicamenteux doit être conduit pendant un temps assez long (6 mois minimum). « Des études* menées au niveau mondial ont montré que le suivi par le biais de consultations tabacologiques est le moyen le plus efficace pour réussir le sevrage tabagique car la prise en charge y est spécialisée. Par ailleurs, chaque consultation supplémentaire augmente le taux de sevrage », indique le Dr Le Faou. Toutefois, tous les fumeurs n’ont pas besoin de cette prise en charge spécialisée. Tous les médecins, y compris les médecins du travail, les infirmiers, les dentistes, les sages-femmes et les kinesithérapeutes sont autorisés à prescrire des substituts nicotiniques. « Il est urgent de mettre en place un programme de formation pour que tous ces professionnels de santé puissent avoir le même discours face au patient et offrir une prise en charge homogène et validée », conclut le Dr Le Faou.
* sources : M. Baha et A.L. Le Faou AL., Bull Epidémiol Hebd. 17-18 (2015) 315. A. Pasquereau et al., Bull Epidémiol Hebd. 12 (2017) 214.
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