L’actualité s’annonce chargée pour le groupe de travail sur la dyspnée de la Société de pneumologie de langue française (SPLF), qui devrait lancer plusieurs projets au cours des prochains mois. « Ce groupe a été fondé en 2014 avec deux missions principales : l’amélioration de l’évaluation des symptômes d’une part, et l’amélioration des traitements d’autre part », indique sa coordinatrice la Dr Capucine Morélot-Panzini.
La morphine très peu prescrite
Dans les prochains mois, le groupe dyspnée va lancer une enquête nationale sur la prise en charge thérapeutique de la dyspnée, qui devrait bientôt être adressée aux pneumologues. « Le but est de voir comment ils prennent en charge la dyspnée, quelles que soient les pathologies en cause. C’est une enquête que je souhaite faire depuis plusieurs années, car cela permet ensuite de faire des demandes de PHRC pour des traitements », poursuit la Dr Morélot-Panzini, en précisant qu’une étude similaire a été lancée aux États-Unis voici quelques années. « Mais les résultats n’ont jamais été publiés, car la proportion de réponses a été insuffisante. En France, une partie de mon enquête a déjà été soumise à des pneumologues lorrains, mais uniquement dans le cadre de la BPCO », précise la Dr Morélot-Panzini.
Le but est de mieux connaître la réalité de la prise en charge de la dyspnée résistante aux traitements associés à la pathologie et de comprendre les raisons d’un certain nombre de freins. « Dans les congrès, quand je demande aux pneumologues s’ils prescrivent de la morphine à visée dyspnéique, très peu répondent par l’affirmative. C’est lié à un certain nombre d’inquiétudes, très présentes chez les médecins français, à propos des effets secondaires de la morphine », déplore la Dr Morélot-Panzini.
Traduction française du MDP
Autre projet d'envergure du groupe dyspnée : une recherche multicentrique pour permettre la détermination d’une différence minimale cliniquement significative (MCID) pour un questionnaire multidimensionnel de dyspnée. « C’est la traduction française du questionnaire américain, le Multidimensional Dyspnea Profile (MDP). Il permet une évaluation de la composante sensorielle, affective et émotionnelle de la dyspnée. Il a été validé en français, ce qui a donné lieu à une publication dans l’European Respiratory Journal, article dont j’étais la première signataire », précise la Dr Morélot-Panzini.
Cet outil a été validé dans plusieurs pays et plusieurs langues. « Mais aucune MCID n’a été déterminée pour ce questionnaire. C’est difficile, car celui-ci fait appel à un épisode de dyspnée plus important sur une période de référence. Or, cet épisode peut varier. C’est ce qu’on a constaté dans l’étude qui nous a permis de valider le MDP en français. On suivait des patients atteints de BPCO qui entraient dans l’étude quand il y avait une nécessité de modification thérapeutique. Mais si les patients ne prenaient pas le même épisode de référence à la deuxième évaluation, on ne pouvait pas déterminer la sensibilité au changement du questionnaire. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé, dans le cadre de ce nouveau projet de recherche, de tester le questionnaire chez des patients atteints de BPCO en stage de réhabilitation respiratoire. On pourra prendre le même épisode de dyspnée, à iso-temps d’une épreuve d’effort », explique la Dr Morélot-Panzini.
Ateliers de formation
Le groupe dyspnée de la SPLF va également mettre en place des ateliers de formation sur l’évaluation et le traitement de la dyspnée. « Cela nous a paru intéressant, et complémentaire avec les ateliers de formation qui existent déjà sur l’échographie pleurale ou la ventilation de domicile », conclut la Dr Morélot-Panzini.
Entretien avec la Dr Capucine Morélot-Panzini, coordinatrice du groupe dyspnée de la SPLF, pneumologue à la Pitié-Salpêtrière, responsable de l’unité ambulatoire d’appareillage respiratoire de domicile
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