Gazométrie : les hommes blancs plus testés que les autres

Par
Publié le 26/06/2025
Article réservé aux abonnés

Dans une étude américaine, les femmes et les non-blancs en soins intensifs bénéficient moins souvent de gaz du sang, réduisant la qualité des soins reçus.

Crédit photo : BURGER/PHANIE

Chez les patients hospitalisés en soins intensifs, la gazométrie artérielle est moins souvent pratiquée chez les femmes comparativement aux hommes. Il en va de même chez les sujets appartenant à des minorités ethniques (asiatiques, noirs et hispaniques/latinos). C’est ce qu’est venu récemment montrer une étude américaine publiée dans the American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine (1). En France, les données ethniques ne sont pas accessibles, et celles sur le sexe n’ont pas été analysées à ce sujet, mais cette alerte américaine peut tout au moins appeler à la vigilance.

Une cohorte multicentrique de plus de 184 000 patients issus de 161 unités de soins intensifs

L’étude a été menée sur une cohorte rétrospective multicentrique de patients hospitalisés, entre 2001 et 2019, au sein de 161 unités de soins intensifs américains. Cette cohorte réunit plus de 184 000 patients, de 66 ans d’âge médian, parmi lesquels 78 % de blancs, 16,5 % de noirs, 3,5 % d’hispaniques ou latinos et 2 % d’asiatiques. Parmi eux, 46 % sont des femmes.

Les critères analysés sont : le recours à une gazométrie, le délai avant la première gazométrie et la fréquence des gazométries réalisées chez ces patients.

Pour rappel avant que les oxymètres aient intégré des facteurs correcteurs prenant en compte la teinte de la peau, recourir à une gazométrie artérielle restait la seule stratégie démasquer une éventuelle hypoxémie pour les peaux foncées, et ainsi améliorer l’équité d’accès aux soins.

-12 %

Résultats dans cette cohorte au moins une gazométrie avait été pratiquée chez 33 % des patients admis en soins intensifs. l’analyse montre, après ajustements, que la gazométrie artérielle en soins intensifs est moins souvent pratiquée chez les asiatiques (RRa = 0,87 [0,74-0,88]), les noirs (RRa = 0,86 [0,83-0,88]), les hispaniques/latinos (RRa = 0,92 [0,86-0,98]) mais aussi chez les femmes ? toutes ethnies confondues versus respectivement des patients blancs ou des patients mâles présentant les mêmes caractéristiques démographiques, hospitalières et le même grade de sévérité de la maladie (RRa = 0,93 [0,90-0,95]).

Un retard avant la première gazométrie est significativement plus souvent retrouvé chez les asiatiques, les noirs et les femmes comparativement aux blancs et aux hommes. Mais ce retard n’est pas retrouvé pour les hispaniques/latinos.

Enfin la fréquence des gazométries artérielles est réduite chez les asiatiques, les noirs et les femmes, toujours comparativement aux blancs et aux hommes. Quand on ne retrouve pas de différence entre les hispanique/latinos versus les blancs. Ce qui pourrait avoir été influencé par la taille de l’échantillon, proposent les auteurs.

(1) Matos J et al. Am J Respir Crit Care Med. 2025 Jun;211(6):1049-1058

Pascale Solere

Source : lequotidiendumedecin.fr