La pneumologie s’est enrichie de nombreux registres, observatoires, base de données sur des pathologies spécifiques, certains ayant un objectif orienté recherche et épidémiologie, d’autres constituant des outils d’amélioration des pratiques et d’études en vie réelle. Il existe de nombreux registres concernant la BPCO (Palomb, Colibri, etc.), l’asthme (Ramses pour le groupe Asthme et Allergie de la SPLF, etc.), sans oublier le remarquable registre français d’HTAP qui, avec plus de 13 000 patients, constitue le plus grand du monde dans ce domaine. D’autres sont plus à visée de recherche, comme l’étude Cobra (Inserm).
La Fédération française de pneumologie (FFP), Conseil national professionnel de pneumologie officiellement reconnue à ce titre (arrêté du 20/08/2019), peut conventionner − en particulier avec l’état, les caisses d’assurance maladie, les agences sanitaires, les autorités indépendantes − pour la mise en place « de registres épidémiologiques pour la surveillance des événements de santé et de registres professionnels d’observation des pratiques » (décret 2019-17). Elle a ainsi favorisé, avec l’aide de la Fédération des spécialités médicales (FSM), l’émergence du registre Epigelf, consacré à l’endoscopie interventionnelle (26 centres) et créé par le Gelf, groupe de travail de la Société de pneumologie en langue française (SPLF). Plus récemment, la FFP a élaboré un parcours de soins associant les réunions collégiales d’asthme (RCA) et le registre asthme pour les patients atteints d’asthme sévère, avec l’objectif d’harmoniser et d’améliorer les pratiques.
Connecter les données du sommeil
Autre exemple, l’Observatoire sommeil de la fédération de pneumologie (OSFP) est la première base mondiale de données cliniques pour l’apnée du sommeil. Elle inclut plus de 110 000 adultes ; l’OSFP enfants est en cours de lancement. La FFP a créé, en partenariat avec la fédération française des associations et amicales de malades insuffisants respiratoires (FFAAIR, lire p. XX) un dossier patient Somrespir, outil d’accompagnement qui s’inscrit dans la démarche des patients reported outcome measures (Prom). L’OSFP permet également la télésurveillance des patients équipés de pression positive continue (PPC) ou de ventilation non-invasive (VNI). « On regarde actuellement comment on pourrait corréler les données provenant des médecins, des patients, des dispositifs médicaux et éventuellement des objets connectés, avec les données médico-administratives de la CNAM. Ce qui permettrait des analyses et des études en vraie vie, avec des résultats plus rapides permettant un suivi longitudinal. Des études qui au final se révéleront moins onéreuses que les études classiques, note le Dr Grillet. Entre autres, cela permettrait de comparer l’efficience et la pertinence de certains actes, stratégies thérapeutiques ou parcours de soins. »
Face aux algorithmes, toujours une garantie humaine
La masse de données collectées permet d’utiliser les techniques de l’intelligence artificielle (IA). Deux études faisant appel à l’IA sont en cours, à partir des bases de données de la FFP concernant les troubles du sommeil. « L’IA est dite supervisée quand c’est l’humain qui pose des questions et contrôle la cohérence de la réponse. Elle n’est pas supervisée quand on la laisse explorer les données et en retirer des corrélations, qui peuvent parfois s’avérer surprenantes, ce qui nécessite encore plus d’expertise humaine et de rigueur dans la méthodologie pour vérifier que les algorithmes sont utilisables et pertinents pour la pratique », explique le pneumologue. Ces deux méthodes ont été utilisées.
Au-delà de l’imagerie où elle a trouvé ses premières applications, l’IA a permis des progrès récents en pneumologie dans l’évaluation pronostique du mésothéliome. Par ailleurs, un algorithme pour la détection précoce des reprises évolutives de cancers bronchopulmonaires a été validé par la Haute autorité de santé (HAS) et les études, en cours, sur les bases de données de la FFP sont prometteuses.
Il s’agit d’un début, les perspectives liées à utilisation de l’IA sont considérables et bénéficieront à tous, à la condition impérative d’une garantie humaine. L’IA ne remplacera pas le pneumologue mais renforcera encore son efficacité.
Exergue : « L’IA ne remplacera pas le pneumologue mais renforcera encore son efficacité »
Entretien avec le Dr Yves Grillet, vice-président de la Fédération française de pneumologie (FFP)
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