La Clinique universitaire des bronches (CUB) est la première initiative en France et en Europe qui rassemble l’ensemble des patients concernés au sein d’un programme médical, de recherche et de formation dédié à ces pathologies. « La fragmentation actuelle des approches, qui traite chaque maladie isolément n’est plus adaptée car s’il existe des différences entre pathologies, il y a aussi beaucoup de points communs, explique le Pr Antoine Magnan, chef de service pneumologie à l’hôpital Foch. Les nouveaux médicaments ont souvent des cibles précises au sein d’une entité choisie, souvent l’asthme sévère, or celles-ci se retrouvent aussi dans la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) par exemple. D’où l’intérêt de proposer un parcours de soins commun et de développer des stratégies thérapeutiques transversales. » La nouvelle clinique offrira donc une prise en charge globale et coordonnée aux patients atteints de maladies bronchiques chroniques, qu’il s’agisse de pathologies fréquentes comme l’asthme ou la BPCO, mais aussi de maladies plus rares, comme la dilatation des bronches, la mucoviscidose, les dysfonctionnements chroniques des greffons pulmonaires, ou encore les atteintes respiratoires liées aux greffes de moelle osseuse et aux immunodépressions sévères.
« Vulnérabilité pulmonaire »
L’augmentation inquiétante des maladies bronchiques chroniques telles que la BPCO, qui touche 3,5 millions de personnes en France, ou l’asthme, qui en affecte 4 millions, représente un autre enjeu majeur dont comptent se saisir les praticiens de la nouvelle Clinique.
« Les facteurs expliquant cette progression sont multiples : la pollution environnementale et domestique, le tabac, etc., poursuit le Pr Magnan. Et, dans un contexte de réchauffement planétaire et de vieillissement de la population, nous constatons aussi une accélération de la morbidité avec une aggravation des symptômes et davantage d’hospitalisations. La CUB développera donc une stratégie pour prévenir les exacerbations au gré des modifications du climat. »
La « vulnérabilité pulmonaire », identifiée comme une « question d’intérêt majeur » par la région Île-de-France en 2024, fera également l’objet de travaux dédiés. « Ce concept important a été mis en évidence pendant la pandémie de Covid, explique le Pr Magnan. Nous devons pouvoir affronter les crises à venir — et nous savons que le changement climatique va favoriser le passage des microbes de l’animal à l’humain —, et être en capacité de traiter le poumon vulnérable. Les sujets âgés, les patients asthmatiques ou porteurs de BPCO ont un appareil respiratoire plus sensible aux infections et aux agressions, qu’il s’agisse d’épisodes de canicule ou de pollution atmosphérique. Là encore, nous travaillerons à l’élaboration d’une stratégie permettant d’identifier et de traiter toutes les comorbidités. »
Recherche
Outre sa mission de soin, la Clinique universitaire des bronches formera les professionnels de santé, notamment à la médecine personnalisée, et développera une activité importante de recherche. « Celle-ci reposera sur deux piliers, précise le chef de service de pneumologie de l’hôpital Foch. D’une part, nous avons la chance de disposer d’un laboratoire académique rattaché à l’Université de Versailles Saint Quentin - Paris-Saclay et à l’Inrae, qui permet d’analyser des prélèvements humains — notamment les crachats, plus faciles à recueillir qu’un lavage alvéolaire — , et qui travaille sur des données de vie réelle. D’autre part, le partenariat avec Lifen fait naître beaucoup d’espoirs ». L’Hôpital Foch a en effet lancé avec le spécialiste en données de santé Lifen la cohorte « CUB Trajectory » qui vise à inclure 10 000 patients atteints de maladies bronchiques chroniques en 2025 avec pour objectifs d’évaluer l’efficacité des traitements, d’identifier les facteurs de risque et d’optimiser les parcours de soins pour les patients atteints de maladies bronchiques chroniques. « Grâce aux outils d’intelligence artificielle, nous pourrons identifier des profils particuliers et définir de nouvelles stratégies de prise en charge. Mais ce partenariat avec Lifen dépasse la seule CUB car nous avons souhaité qu’il soit multicentrique », conclut le Pr Magnan.
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