DANS SON DERNIER rapport publié à la fin du mois d’octobre, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) rapporte que 8,6 millions de personnes ont développé la tuberculose en 2012 dont 1,3 million en sont mortes. L’organisation internationale estime également que moins de 20 % des cas de tuberculose résistante aux médicaments (TB-DR) dans le monde sont diagnostiqués et traités. Au total, ce sont près de 450 000 personnes qui ont développé cette forme particulière, dont 9,6 % sont des cas de tuberculose ultrarésistante (TB-UR).
Dans la plupart des cas, les personnes infectées reçoivent un traitement standard étalé sur six mois et constitué de 4 antibiotiques. Cependant, certaines d’entre elles développent des résistances parfois sévères qui sont souvent liées à une mauvaise observance du fait principalement de difficultés économiques. La seule solution qui leur est actuellement proposée est de suivre un traitement de deux ans constitué d’un cocktail de médicaments plus coûteux, aux effets secondaires plus importants et avec un taux de guérison qui ne dépasse pas les 50 %.
Un nouveau traitement après 50 ans de disette.
L’enregistrement aux États-Unis en décembre 2012 de la bédaquiline est donc pour le Dr Cathy Hewison, spécialiste de la tuberculose à MSF, « une étape importante pour les praticiens et les patients ». Ce nouveau médicament commercialisé par Janssen met en effet fin à 50 ans d’absence de nouvelles molécules spécifiques et ouvre la porte à de nouvelles solutions thérapeutiques. Une bonne nouvelle qui n’empêche pas le Dr Hewison d’insister sur le besoin « de nouvelles combinaisons thérapeutiques pour traiter la TB-DR » afin de « fournir aux patients un tout nouveau traitement tolérable et plus efficace dans les années à venir ».
Pour MSF et l’Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires (L’Union), l’annonce de l’arrivée de ce nouveau médicament ne doit pas occulter le besoin d’un « changement plus radical dans la façon dont les médicaments antituberculeux sont développés et mis sur le marché ». Sharonann Lynch, chargée du dossier Tuberculose dans la campagne d’accès aux médicaments essentiels (CAME) de MSF, explique ainsi la nécessité d’un « engagement majeur de part de la communauté mondiale de la recherche, ainsi qu’un important apport financier » au moment où « l’investissement global sur la R&D pour la tuberculose est en réalité en baisse ».
En parallèle, « nous devons également travailler dès aujourd’hui pour que les prix des nouveaux traitements soient accessibles », poursuit S. Lynch. Pharmacien à l’Union, Christophe Perrin rappelle que la structure de prix prévue pour la bédaquiline revient à un coût de « 3 000 dollars pour un traitement de six mois dans les pays à revenu intermédiaire et de 900 dollars dans ceux à revenu limité ». L’association des autres médicaments indispensables au traitement « porte le coût global à plusieurs milliers de dollars, même dans les pays les plus pauvres », soit une facture encore beaucoup trop élevée pour les malades de ces pays, dont certains sont parmi les plus durement touchés par la tuberculose.
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