« Avant, j’étais exténué. Désormais, je ne suis plus que fatigué… ». Voilà le genre de réflexion que la Pr Claire Andréjak entend souvent lors de ses consultations au CHU d’Amiens avec des patients se plaignant d’un Covid long. « Même si cela prend souvent beaucoup de temps, on constate souvent, au fil des consultations, que l’état de ces patients s’améliore », explique la pneumologue en ajoutant qu’elle trouve peu pertinente cette appellation de « Covid long ». « Cela laisse entendre que tous les symptômes présents après le Covid seraient liés à cette infection. Alors qu’en consultation, on voit des choses très différentes. C’est la raison pour laquelle, je préfère parler de symptômes persistants post-Covid. »
Des pathologies sous-jacentes
Selon la Pr Andréjak, le seul lien qu’on peut faire, le plus souvent, entre l’infection à Covid et ces symptômes persistants est chronologique. « Certains de ces symptômes sont à l’évidence liés à l’infection à Sars-CoV-2. Mais on en voit aussi qui ont d’autres origines. On diagnostique ainsi des pathologies qui n’étaient pas connues des patients, et qu’on a pu démasquer en faisant une évaluation post-Covid. Ainsi, certains présentent une BPCO mais ils ne le savaient pas. Même chose pour le syndrome d’apnée du sommeil (SAS). On voit des patients qui en étaient atteints, sans que cela n’ait été diagnostiqué auparavant. Ils étaient fatigués, mais avec le temps, ils s’y étaient habitués. Et puis, ils ont été infectés par le Covid et la fatigue s’est largement majorée, sans que ces patients n’arrivent à récupérer à cause de leur SAS. Ainsi, il est arrivé qu’en prenant en charge le SAS, tout rentre dans l’ordre », explique la Pr Andréjak.
Il y a des patients qui présentent toutefois des séquelles respiratoires sévères. « Mais c’est loin d’être la majorité des cas. Ces séquelles touchent des patients qui, en général, ont été hospitalisés lors de leur infection à Covid. Mais ceux qu’on voit en consultation, ce sont, en majorité, plutôt de gens jeunes ayant fait un Covid pas forcément sévère et traités le plus souvent en ambulatoire. Beaucoup d’entre eux après l’infection, ont voulu retrouver immédiatement leur état d’avant le Covid et n’y sont pas parvenus », constate la Pr Andréjak.
Un déconditionnement à l’effort
Les dyspnées peuvent être de longue durée. « Au départ, on les évalue pour voir s’il n’y a pas une autre pathologie sous-jacente. Si cela n’est pas le cas et que la dyspnée persiste, on leur fait faire une épreuve d’effort. On peut ainsi poser le diagnostic de déconditionnement et/ou de syndrome d’hyperventilation », souligne la Pr Andréjak, en ajoutant que ces patients se voient proposer des séances de rééducation respiratoire.
À l’issue de la première vague, de nombreux patients présentaient une oppression thoracique. « On en voit moins aujourd’hui. J’ai d’ailleurs le sentiment que ces symptômes persistants post-Covid évoluent en fonction des variants. Je n’ai pas de chiffres, c’est juste une impression de clinicien, indique la Pr Andréjak. Des études conduites avec des Pet-scan ou des IRM cérébrales ont montré des zones qui restent inflammatoires pendant longtemps. Une des hypothèses qu’on peut formuler est que cette inflammation durable pourrait expliquer certains symptômes persistants post-Covid. »
Avec le temps, ces différents symptômes s’estompent peu à peu mais les patients doivent apprendre à se projeter sur le moyen ou long terme. « C’est la première chose qu’on leur dit : le fait que cela va prendre du temps de retrouver leur état initial. Il est important, aussi, de leur expliquer qu’on prend en compte ce qu’ils nous disent, qu’on ne les considère pas comme des fous ou que tout est dans leur tête. Il est possible que des facteurs psychologiques jouent un rôle dans la survenue ou dans l’interprétation de ces symptômes persistants. Mais notre rôle est d’écouter la plainte de ces patients, de leur proposer si besoin un bilan et de les aider à aller mieux », souligne la Pr Andréjak.
Exergue : « On constate souvent, au fil des consultations, que l’état de ces patients s’améliore »
Entretien avec Pr Claire Andréjak (CHU d’Amiens), responsable du Groupe de recherche et enseignement en pneumologie-infectiologie (Grepi), groupe de la SPLF
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