« Jusqu’en 2012, on ne disposait d’aucunes données fiables à l’échelle mondiale sur l’incidence de la tuberculose chez les enfants. Depuis, des modèles ont été construits. Résultat, en 2019, l’OMS estimait à 1,2 million par an le nombre de cas, assortis de 230000 décès chez les moins de 15 ans, rappellent Jeffrey R Starke et Andrea T Cruz (Baylor College of Medicine, Houston, Texas, États-Unis), (1). Parmi eux, 96 % décéderaient sans avoir reçu aucun traitement, par défaut majoritairement de diagnostic. C’est dire l’importance d’améliorer le diagnostic, en particulier chez les moins de 5 ans, peu excréteurs de BK même quand la maladie est cliniquement et radiologiquement parlante. »
D’où l’intérêt de l’étude publiée ces jours-ci (2). Menée au Kenya, elle a évalué l’efficacité de stratégies diagnostiques alternatives, fondées sur des prélèvements non invasifs, comparativement ou en add on à la technique recommandée (aspirats gastriques, expectorations forcées) chez des moins de 5 ans. « L’emploi des prélèvements non invasifs ouvre de nouvelles perspectives, en particulier dans les pays où les ressources sont limitées, non seulement en termes de diagnostic mais aussi de dépistage les BK résistants chez l’enfant », notent les éditorialistes.
Plus de 300 moins 5 ans symptomatiques avec anomalies parenchymateuses
Disposer d’une approche moins invasive et tout aussi sensible que les extubats gastriques (tubage à jeun x 3) associés aux excrétats forcés, telle est l’objet de l’étude menée au Kenya sur des moins de 5 ans suspects de tuberculose. Dans ce but, la sensibilité de divers types de prélèvements a été étudiée et comparée à celle des prélèvements de référence.
Au total, 300 enfants de 2 ans d’âge médian ([1- 47] mois) ont été recrutés, dont la moitié sont des filles.
Tous présentaient une symptomatologie évocatrice − toux inexpliquée, fièvre, malnutrition −, des anomalies parenchymateuses à la radiographie et/ou des lymphadénopathies cervicales. Enfin, ils n’avaient pas répondu pas aux traitements entrepris.
Au moins un type de prélèvement devait pouvoir être réalisé parmi les divers testés : expectorats provoqués, extubats gastriques, aspirats nasopharyngés, urines, selles. Tous ces prélèvements ont été amplifiés par deux techniques (Xper et MGIT). N’importe quel prélèvement positif − par l’une ou l’autre méthode − constitue la « référence » positive pour le cas/patient, c’est-à-dire celui auquel on se réfère pour évaluer la sensibilité des autres prélèvements.
Au total, seuls 10 % des enfants ont eu au moins un prélèvement positif (31/294 patients analysables). Ce taux est le même quel que soit le statut (VIH + : 25 %).
Sensibilité très intéressante des prélèvements nasopharyngés plus ou moins urines, selles
Dans cette série, la sensibilité des diverses stratégies de prélèvement s’est établie à :
- Deux extubats gastriques : 77 % (24 cas positifs sur 31)
- Deux aspirats nasopharyngés : 74 % (23 cas positifs sur 31)
- Deux expectorats provoqués : 64 % (20 cas positifs sur 31)
- Un aspirat nasopharyngé plus selle : 71 % (22 cas positifs sur 31)
- Un aspirat nasopharyngé plus urine : 69 % (21,5 cas positifs sur 31)
« En bref, la sensibilité de deux aspirats nasopharyngés et la sensibilité d’un aspirat nasopharyngé plus urines ou selles sont quasi semblables à celle des prélèvements de référence. Quand l’association de deux extubats gastriques plus deux aspirats nasopharyngés fait monter à 90 % la sensibilité moyenne », résument les auteurs.
De nouvelles possibilités en situation dégradée, mais aussi non dégradée, et en recherche
Ces résultats suggèrent que « lorsque les moyens sont limités, pratiquer deux prélèvements nasopharyngés ou un seul alors associé à la collecte d’urine ou de selles peut constituer une alternative intéressante au tubage gastrique chez les moins de 5 ans. De plus, associer tubage gastrique et prélèvement nasopharyngé pourrait améliorer l’efficacité du dépistage dans certaines conditions cliniques et en recherche », concluent les auteurs.
(1) SR Click et al. Sensitive and Feasible Specimen Collection and Testing Strategies for Diagnosing Tuberculosis in Young Children. JAMA Pediatr 2021; doi :10.1001/jamapediatrics.2020.6069
(2) JR Starke, AT Cruz. Diagnosing Childhood TuberculosisA Small Step Forward. JAMA Pediatr 2021; doi :10.1001/jamapediatrics.2020.6078
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