Souffler dans le ballon pour mieux connaître son asthme ? C’est le dispositif inédit inventé par une pneumologue de la clinique de l’asthme du CHU de Liège, qui planche sur la question de la classification des sous-types de l’asthme depuis près de 10 ans. « Notre idée était de trouver une alternative simplifiée à la technique pratiquée aujourd’hui, celle par expectoration induite, explique Florence Schleich. Le but est de permettre aux patients asthmatiques de connaître plus facilement le sous-type d’asthme inflammatoire dont ils souffrent, pour ainsi éviter les tâtonnements thérapeutiques et bénéficier rapidement du traitement le plus adéquat ».
L’haleine comme terrain de recherche
La technique par expectoration induite, qui consiste à analyser le crachat du patient, demeure en effet contraignante. Cette analyse, complexe et onéreuse, demande près de quatre heures, exige la mobilisation d’un technicien spécialisé, et nécessite de reconvoquer le patient pour un second rendez-vous. « Demander à tous les pneumologues de faire de l’expectoration induite est matériellement irréalisable », témoigne la praticienne. De fait, très peu d’hôpitaux la pratiquent. En Belgique francophone, la clinique du CHU de Liège est ainsi la seule à l’utiliser en routine clinique. Résultat : « beaucoup de patients asthmatiques ne connaissent pas le type d’asthme dont ils sont atteints ».
Si une seconde technique existe -la mesure du NO expiré ou la mesure des éosinophiles dans le sang, celle-ci n’est pas jugée suffisamment fiable (influence du tabac, des allergies ou du traitement inhalé) et n’identifie qu’un seul des quatre sous-types d’asthmes. L’équipe liégeoise a donc cherché un nouveau procédé qui soit « plus facilement exploitable par les collègues » et qui couvre l’ensemble de l’affection. Pour cela, elle a eu l’idée de s’intéresser beaucoup plus finement à l’haleine du patient.
Cinq marqueurs identifiés
« La première étape de la recherche a consisté à chercher, dans l’haleine des asthmatiques, des marqueurs de substitution », explique la pneumologue. Près de 750 asthmatiques belges ont donc été invités à souffler, pour remplir des sacs de cinq litres qui furent ensuite analysés par les chercheurs. La traque fut fructueuse. Parmi les 3 000 composés volatiles présents dans l’haleine, l’équipe en a découvert cinq directement reliés aux quatre sous-types de l’asthme.
Seconde étape, cruciale : attribuer à chacun des sous-types le ou les marqueurs spécifiques permettant l’identification. Après un long travail d’enquête, c’est chose faite en 2019. « Nous avons obtenu une classification très précise, et savons notamment discriminer l’asthme neutrophilique, pour lequel on ne disposait jusqu’alors d’aucun marqueur établi, des autres phénotypes d’asthme », se réjouit Florence Schleich, qui a reçu, pour cette recherche, le prix de l’Astra Zeneca Foundation 2019, attribué par un jury indépendant formé par le Fonds national de la recherche scientifiques belge (FNRS).
Asthmotest connecté
Le prochain défi, auquel s’est déjà attelé l’équipe de la professeure Schleich, réside dans la miniaturisation de l’appareil, qui fait actuellement la taille… d’un frigidaire. « Aujourd’hui, la méthode consiste à souffler dans un ballon, dont l’air est analysé a posteriori par une grosse machine. À terme, le but est de souffler directement dans un appareil dont la taille n’excéderait pas celle d’un smartphone. En somme, comme un éthylotest, mais pour l’asthme », souligne la chercheuse, qui, pour mieux l’intégrer à la médecine personnalisée, verrait bien cet « asthmotest » directement connecté au smartphone du patient, « à l’image des glucomètres utilisés par les diabétiques ».
Selon les estimations et les pays, l’asthme concerne 1 à 15 % de la population générale. En Belgique, environ 7 % de la population en souffre.
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