Ils sont les premières victimes collatérales des séparations : lorsque le divorce vire au conflit, les enfants se retrouvent au coeur de la tourmente, pris en otage par leurs parents qui les utilisent pour exprimer leurs griefs contre « l’ autre ».
La situation n’est pas rare : en France, on estime que 10 % des séparations sont hautement conflictuelles, c’est-à-dire résistent à toute tentative de médiation et se soldent par des actions en justice répétées. Dans le Nord-Pas-de-Calais, on évalue à 1 000 le nombre d’enfants qui se trouvent chaque année pris dans un conflit conjugal. Pour sortir de cette impasse, le centre hospitalier de Douai et le Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) du secteur de Valenciennes montent un programme expérimental en partenariat avec la justice : des ateliers de valorisation parentale destinés aux parents en plein conflit conjugal.
Les parents peuvent venir librement, sur les conseils d’un professionnel. Ils peuvent aussi être adressés par le procureur de la République, en cas de signalement pour violences physiques ou psychologiques, ou non respect des obligations parentales compromettant la santé de l’enfant.
Par groupe de dix, les participants travailleront avec une psychologue thérapeute familiale sur le deuil de leur relation de couple et la manière d’en sortir par le haut, pour le bien de l’enfant.
« Leur idéal familial est tombé en ruine, ils sont blessés dans leur estime personnelle et ne parviennent pas à se centrer sur une autre souffrance que la leur. Par le biais d’entretiens et de discussions avec leurs pairs, ils pourront poser leur sac et réfléchir enfin à leur enfant pour instaurer une co-parentalité efficace », explique Sylvie Berruyer-Harlé, psychologue clinicienne.
Une à deux séances par semaine
À raison d’une ou deux séances de deux heures par semaine, les parents se retrouveront à la maison des associations de Douai pour réfléchir ensemble à la notion de couple, la fragilité de l’équilibre familial, les besoins de l’enfant, le repérage de sa souffrance. Car l’objectif de ces ateliers est bien de recentrer le couple sur son rôle de parent, afin de préserver l’équilibre de l’enfant.
Pris entre deux parents qui s’entre-déchirent, ce dernier paie le prix fort. « Certains symptômes, comme le dérochage scolaire sont difficiles à corréler avec la séparation... Le plus souvent, l’enfant présente une association de symptômes, comme la perte de sommeil, une agressivité ou une tristesse, constate le Dr Diogo Alves de Oliveira, pédopsychiatre au SHEDD (Structure hospitalière de l’Enfance en danger du Douaisis. Le médecin généraliste occupe une place de choix pour déceler cette souffrance car il connaît le contexte familial. » Avec ces ateliers, les soignants espèrent prévenir l’apparition de troubles plus graves. D’après une méta-analyse publiée en 2012, les enfants confrontés à une violence émotionnelle présentent trois fois plus de risques de développer une dépression, et 2,5 fois une anorexie ou une boulimie.
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